Les militants du Nouveau Parti démocratique prendront la décision la plus importante de leur histoire, demain, lorsqu'ils éliront le successeur de Jack Layton. Un scrutin qui pourrait déterminer si le parti orange poursuit sa marche vers le pouvoir ou entreprend une pénible régression.

La course à la direction aura finalement pris les allures de marathon. Il ne reste plus que sept des neuf candidats à se disputer la faveur des 128 000 membres. Un seul restera en piste, demain soir, au terme d'un scrutin complexe qui pourrait nécessiter plusieurs tours.

Thomas Mulcair, seul représentant du Québec dans cette course, a émergé comme le grand favori au cours des dernières semaines. Il a récolté plus d'argent que ses adversaires, il a recueilli plus d'appuis chez les députés et il est le seul à jouir d'une certaine notoriété au Québec, province qui a donné une soixantaine de sièges au NPD lors du dernier scrutin.

Il y a beaucoup de nouveaux membres et des membres plus anciens qui sentent que le parti a enfin la chance de prendre le pouvoir, résume le politologue Nelson Wiseman, de l'Université de Toronto. Et je crois que M. Mulcair est le seul qui puisse amener le parti là.»

Le professeur croit que le député d'Outremont est mieux placé que ses adversaires pour conserver des sièges acquis dans la vague orange qui a balayé le Québec.

Or, si 58 des 102 députés néo-démocrates viennent du Québec, 90% des militants du parti viennent des autres provinces. Les votes des 39 000 membres de la Colombie-Britannique et des 37 000 membres de l'Ontario seront particulièrement déterminants dans l'issue du scrutin.

Appuis divisés

Par ailleurs, Thomas Mulcair est loin de faire l'unanimité au NPD. Sa volonté de «moderniser» son discours est perçu par plusieurs comme une tentative de tirer le parti vers le centre. L'ancien chef Ed Broadbent, les ex-premiers ministres provinciaux Roy Romanow et Lorne Calvert et plusieurs députés influents se sont rangés derrière Brian Topp.  

Originaire de Longueuil mais vivant à Toronto, ce stratège milite au NPD depuis 30 ans. Il est l'un des architectes de la campagne qui a propulsé le NPD au rang d'opposition officielle, en mai dernier.  

M. Topp a défendu un programme qui se situe dans la droite ligne de la tradition sociale-démocrate du NPD. Des impôts plus élevés pour les riches et les entreprises, un gouvernement qui joue un rôle important dans l'économie.

Peggy Nash, députée de la région de Toronto, jouit de nombreux appuis dans le milieu syndical, qui a longtemps été la principale base du NPD. Paul Dewar a fait sa marque comme critique du parti en matière d'affaires étrangères, mais la qualité de son français lui a valu des critiques au cours de la campagne.

Nathan Cullen sera suivi de près ce week-end. Sa campagne semblait destinée à la marginalité, mais sa proposition de collaborer avec le Parti libéral et le Parti vert pour détrôner les conservateurs semble avoir fait du chemin chez les militants, même si ses adversaires ont unanimement rejeté l'idée.

M. Cullen est troisième, derrière MM. Mulcair et Topp, en matière de financement. Et puisqu'il est le seul candidat de la Colombie-Britannique, il pourrait bien jouer un rôle de premier plan dans le choix du nouveau chef, selon des observateurs.

La députée manitobaine Niki Ashton et l'homme d'affaires Martin Singh ne semblent pas se distinguer comme des candidats pouvant ravir la couronne.