Considéré comme une occasion pour discuter d'emplois, de sécurité et de changements climatiques, le sommet des leaders nord-américains de lundi pourrait toutefois être un prélude aux politiques sur la drogue.

Le premier ministre Stephen Harper passera trois heures en compagnie du président américain Barack Obama et du président mexicain Felipe Calderon à la Maison-Blanche, à Washington, dans le cadre de la sixième rencontre de ce genre - autrefois appelée le sommet des Trois Amigos.

L'amour fraternel s'est toutefois fait plus rare dernièrement, et les trois dirigeants ne se sont pas rencontrés depuis août 2009, les séances bilatérales États-Unis/Canada ou États-Unis/ Mexique étant devenues la norme.

Ils devaient se rencontrer en novembre, l'an dernier, mais la réunion avait été reportée en raison du décès dans un écrasement d'hélicoptère du principal ministre du gouvernement mexicain, Francisco Blake Mora.

Le sommet de lundi aura lieu deux semaines avant une autre rencontre: le sommet des Amériques prévu les 14 et 15 avril à Carthagène, en Colombie.

Le bureau du premier ministre n'y a par ailleurs fait qu'une brève allusion dans son communiqué. Un porte-parole de M. Harper, Andrew MacDougall, a écrit que le Canada demeurait pleinement engagé dans la lutte pour contrer les problèmes de sécurité et à un approfondissement des liens de collaboration avec les États d'Amérique centrale.

Ottawa ne précise toutefois pas dans son document que ces problèmes sont largement liés à la violente guerre des cartels de drogue. À cela s'ajoute le fait que certains dirigeants des pays d'Amérique centrale remettent désormais en question trente ans de politique publique dans le domaine.

Le président de la Colombie, Juan Manuel Santos, avait déclaré l'an dernier que si la solution pour mettre fin aux violences était de légaliser la drogue, il serait prêt à l'accepter. Au Guatemala, son homologue Otto Perez Molina a présidé une conférence régionale sur la sécurité la semaine dernière, où la décriminalisation du transport et de la consommation de drogues ont été abordées.

Pour les dirigeants du Canada, des États-Unis et du Mexique - qui ont consenti la semaine dernière à une collaboration militaire plus grande dans la poursuite de la guerre contre les cartels de drogue -, de telles négociations devront être évaluées à Carthagène.

Le gouvernement de Stephen Harper affiche fièrement sa ligne dure en matière de drogues, et le président Obama n'a pas démontré une grande sympathie face aux arguments pour la décriminalisation.

«Nous sommes très sensibles au fait que la lutte du président Calderon au Mexique n'est pas que la sienne, c'est aussi la nôtre», a soutenu M. Obama en mars.

«Nous devons assumer nos responsabilités, au même titre que lui le fait.»

Près de 50 000 Mexicains ont été tués depuis le mois de décembre 2006, date à laquelle le président Calderon a déployé l'armée pour réprimer les cartels de drogue.