Se dissociant d'un rapport sur les coûts de l'indexation de leurs prestations de retraite, des fonctionnaires à la retraite ont réclamé, mardi, de pouvoir discuter directement avec le gouvernement afin d'arriver à une entente qui permettrait de rétablir leur pouvoir d'achat.

Devant une commission parlementaire chargée du dossier, leurs deux représentants ont expliqué qu'après avoir participé aux travaux d'un comité mandaté par l'Assemblée nationale, ils n'avaient pas pu endosser la manière dont les chiffres de son rapport étaient présentés.

«Nous voulions un rapport neutre, tant pour les retraités que pour le gouvernement», a déclaré Mariette Gélinas, de l'Association des retraités de l'éducation, qui a participé aux travaux du comité.

Son collègue André Goulet, de l'Alliance des associations de retraités, a quant à lui réclamé la mise sur pied d'une table de travail avec le Conseil du trésor.

«Comme il y a une dimension politique dans le dossier, qui n'était pas au mandat du comité, on voudrait travailler avec la table au Conseil du trésor, a dit M. Goulet. On a demandé à plusieurs reprises cet élément-là.»

Le comité de travail sur l'évaluation du coût de l'indexation des régimes de retraite a été formé en décembre dernier à la suite d'une motion de l'Assemblée nationale.

Il était formé de six membres: deux experts externes, un représentant du Conseil du trésor, un représentant de la Commission administrative des régimes de retraite et d'assurance (CARRA) et deux représentants nommés par le Groupe de travail des associations de personnes retraitées (GTAR).

Depuis 2006, les principales associations de retraités de l'Etat réclament le rétablissement du pouvoir d'achat des fonctionnaires comptant des années de service entre 1982 et 1999.

A la suite d'un décret du gouvernement, la partie de leur rente ayant été cotisée durant cette période n'est pas indexée.

Au terme des travaux du comité, en mai, les représentants des retraités ont refusé de signer le rapport, notamment parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec leurs collègues en ce qui concerne l'impact sur les finances publiques d'une telle indexation.

Un autre point en litige concerne une somme de 6 milliards $ parmi les actifs de la caisse de retraite qu'ils considèrent comme un surplus qui pourrait financer l'indexation, tandis que le gouvernement y voit plutôt une provision.

Les retraités ont bien pris soin de préciser qu'ils étaient d'accord avec les chiffres mais pas avec la façon dont ils étaient présentés.

Des députés de la commission parlementaire ont conclu leurs travaux en formulant le souhait que le comité de travail, formé des experts, des représentants des retraités et du gouvernement, détermine la nature de la somme de 6 milliards $.

Ils discuteront prochainement de la pertinence de confier un tel mandat au comité de travail.

Selon les deux experts externes, France Bilodeau et Mario Fortin, qui coprésidaient le comité de travail, l'érosion du pouvoir d'achat augmente au fur et à mesure que la date de départ à la retraite s'éloigne de 1982.

Ainsi, indique leur rapport, dans le cas d'un individu qui a pris sa retraite en 1991 après 25 années de service, l'érosion de son pouvoir d'achat sera de 4,4 pour cent après 10 ans à la retraite, de 8 pour cent après 20 ans et de 10,7 pour cent après 30 ans à la retraite.

Dans leur document, ils examinent divers scénarios pour corriger la situation, ainsi que leur effet sur les finances publiques.

Les retraités se sont montrés ouverts à négocier une entente qui prévoirait une progression équivalente à la moitié du taux d'inflation, pour la rente accumulée entre 1982 et 1999.

Les retraités souhaitent aussi obtenir une pleine indexation pour les rentes cotisées depuis 1999, qui ne le sont actuellement qu'à hauteur de 50 pour cent du taux d'inflation, qui était de 3,5 pour cent en août dernier.

L'association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic estime que la perte de pouvoir d'achat des 187 000 personnes ayant pris leur retraite entre 1983 et 2006 s'élève à 2 milliards $.