Il est «pathétique» de voir Mario Dumont blâmer le premier ministre du Québec parce qu'il défend les intérêts des siens dans le cadre de la campagne électorale fédérale, a soutenu hier Jean Charest.

M. Charest a répliqué sans ménagement aux critiques du chef adéquiste, qui s'inquiétait de voir le poids du Québec réduit dans le prochain gouvernement Harper à cause des attaques répétées du gouvernement Charest à l'endroit des conservateurs.

 

«C'est pathétique de la part de M. Dumont. Son option, ce serait de ne rien dire. Les Québécois vont tirer leurs conclusions. M. Dumont voudrait que tout le monde fasse comme lui et que le Québec se taise», a soutenu hier Jean Charest, en marge d'une conférence sur les Grands Lacs.

En campagne électorale, le chef conservateur n'a pas donné d'espoir au gouvernement Charest. Il n'y aura pas de réponse à la liste de revendications rendue publique la semaine dernière. «C'est notre intention durant la campagne de communiquer avec la population au lieu d'avoir des correspondances avec les premiers ministres provinciaux», a dit sans détour M. Harper, en campagne à Ottawa.

M. Harper a promis de revenir à la charge sur la réforme du Sénat, un projet auquel s'oppose farouchement le gouvernement Charest. Ces changements sont «dans la compétence du gouvernement fédéral», a souligné M. Harper.

Dans sa liste de demandes, la semaine dernière, M. Charest a précisé qu'il ne saurait y avoir de réforme qui réduise le poids du Québec à la Chambre haute. Si Ottawa va de l'avant avec son projet où toutes les provinces sont «égales» au Sénat, «le Québec va prendre tous les moyens à sa disposition pour la bloquer», a soutenu M. Charest, de passage hier au Vermont.

Pour Benoît Pelletier, la liste des revendications du Québec visait surtout à clarifier la position du Québec sur une série de sujets importants. Avec ces demandes, «notre but n'est pas d'embarrasser qui que ce soit, mais d'informer le prochain gouvernement à Ottawa de la position du Québec. Il n'y aura aucune ambiguïté», a ajouté le ministre québécois des Affaires intergouvernementales.

Le poids du Québec

En choisissant d'attaquer les conservateurs, a dit Mario Dumont, le premier ministre Charest risque de réduire le poids du Québec au sein du prochain gouvernement. «Ce qui est «pathétique», c'est un premier ministre du Québec qui joue au nationaliste et risque de causer un effet boomerang en remplaçant, au Conseil des ministres, des Québécois qui n'y seront pas par des Ontariens ou des gens de l'Ouest, ce qui affaiblit le Québec», a soutenu hier M. Dumont en point de presse.

Au surplus, avec ses sorties publiques, Jean Charest adopte une attitude «hypocrite, parce que, sur ces enjeux-là, lui-même a déjà dit et écrit exactement le contraire des points qu'il plaide aujourd'hui. On ne peut pas croire à sa sincérité», a lancé M. Dumont.

Dans la plateforme qu'il avait mise de l'avant comme chef du Parti conservateur, il y a une douzaine d'années, Jean Charest proposait de sabrer 500 millions dans les budgets de la culture, bien plus que les 40 millions décrétés par le gouvernement Harper, a relevé Mario Dumont.