Des organisateurs du Parti québécois ont courtisé les députés adéquistes François Benjamin et Éric Laporte dans les dernières semaines. Mais les deux élus assurent qu'ils n'ont pas l'intention de sauter la clôture comme leurs ex-collègues André Riedl et Pierre Michel Auger, qui sont passés dans le camp libéral.

Si le chef adéquiste Mario Dumont affirme que son «caucus est uni», il est incapable de garantir que d'autres membres de son équipe ne retourneront pas leur veste.

 

Des sources péquistes dans le «450» ont confié à La Presse que des organisateurs locaux avaient eu des «échanges» avec M. Benjamin, dans Berthier, de même qu'avec M. Laporte, dans L'Assomption. Les deux députés confirment que des péquistes les ont sollicités. Ils nient avoir eux-mêmes fait des démarches vers le PQ.

François Benjamin reconnaît qu'il a des «amis souverainistes», mais il soutient qu'il ne passera pas au PQ pour autant. «Je vais rester à l'ADQ. Je ne trahirai pas les gens de Berthier», a-t-il lancé.

Éric Laporte n'a pas l'intention lui non plus de quitter Mario Dumont. «Je suis adéquiste. J'ai des valeurs et j'ai des convictions», a-t-il dit.

Selon le péquiste Sylvain Simard, des élus adéquistes, qu'il refuse de nommer, «flirtent» actuellement avec le PQ. Le député de Richelieu les invite ouvertement à se joindre à son parti. «S'ils ont un instinct de survie», les députés de l'ADQ du «450» vont changer de camp, a affirmé M. Simard à La Presse. Ils doivent faire vite, a-t-il ajouté, «il est minuit moins cinq».

Avec les défections-surprises de MM. Riedl et Auger, le statut d'opposition officielle de l'ADQ est fragile, ce qui fait saliver les péquistes. Le parti de Mario Dumont a maintenant 39 députés et le PQ, 36.

Mario Dumont dit que jeudi, à la suite du départ de deux de ses députés, il a «senti très fortement» que son caucus est «uni». Mais il ne peut garantir qu'aucun autre élu ne claquera la porte pour se joindre à un autre parti. «On vit dans un univers d'adhésion libre et volontaire», a-t-il dit.

À Champlain, le fait que Pierre Michel Auger soit passé au Parti libéral cause des remous dans l'organisation. Diane Aubut, celle qui était en voie de représenter le parti aux prochaines élections, se dit «déçue» de la décision de son chef, Jean Charest.

«J'aurais souhaité être mise au courant, mais je n'ai même pas été avisée», a affirmé la directrice de la Maison de la famille des Chenaux, à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Le PLQ venait à peine de la recruter. Une assemblée d'investiture était même prévue en novembre. «Mais avec l'arrivée de M. Auger, il n'y en aura pas, je crois», a laissé tomber Mme Aubut, qui dit avoir «beaucoup travaillé» avec son équipe dans les dernières semaines.

La libérale dit toutefois «accepter le choix» de M. Charest. «Je suis en train de décanter», a-t-elle dit.

Les défections de MM. Riedl et Auger risquent d'assombrir le conseil général de l'ADQ, qui a lieu aujourd'hui et demain à Drummondville. Les militants seront au rendez-vous, a toutefois assuré Mario Dumont, qui s'attend à «l'une des meilleures participations de l'histoire de l'ADQ pour un conseil général».

Les adéquistes définiront ce week-end le «nouveau modèle québécois autonomiste», selon M. Dumont. Le document soumis au débat, qui compte 125 pages, contient peu de nouveautés. Il ressemble en bonne partie à la dernière plateforme électorale. «C'est un document intégrateur. Il trace un fil conducteur à l'ensemble de nos actions et de nos idées», a expliqué Mario Dumont.

Dans ce document, l'ADQ mise toujours sur la réouverture de la Constitution, afin que le Québec gagne en autonomie. Pour le président de la commission politique, Stéphane Le Bouyonnec, la réintégration du Québec dans la Constitution sera une «priorité» pour un éventuel gouvernement adéquiste. «On a remarqué que, aux dernières élections fédérales, les Québécois ont réélu une vaste cohorte de députés bloquistes, et c'est certainement parce que quelque part, après des décennies, ils n'ont toujours pas digéré ce qui s'est passé dans la foulée du rapatriement de la Constitution. C'est notre devoir de ramener ce thème au premier plan», a-t-il expliqué.

Le premier ministre Stephen Harper, à qui l'ADQ a donné un appui tacite aux élections fédérales, refuse pourtant de lancer de nouvelles négociations constitutionnelles. Malgré tout, Mario Dumont estime qu'«on est à la veille» d'un nouveau lac Meech.

Le document ne contient aucune proposition pour faire face au ralentissement économique, le sujet de l'heure. «Notre dernier conseil général portait sur l'économie», a répliqué M. Dumont.

Quinze propositions régionales seront débattues au cours de la fin de semaine. L'une d'elles recommande la construction d'un «complexe carcéral à haute capacité inspirée du modèle ontarien» afin de régler le problème de surpopulation dans les prisons actuelles. Une autre suggère de remplacer le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse par un «cours sur la citoyenneté et le civisme».