Le propriétaire d'une maison devra dépenser plus de 7500$ cette année dans des travaux de rénovation pour avoir droit au nouveau crédit d'impôt annoncé par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, hier.

S'il dépense 10 000$ pour retaper sa demeure, l'État lui remboursera 500$. Pour toucher l'aide maximale de 2500$, il faut investir au moins 20 000$ dans la cuisine et la salle de bain, par exemple.

 

Le crédit d'impôt pour l'amélioration résidentielle est l'une des six mesures dévoilées par la ministre Jérôme-Forget dans son énoncé économique sans surprise. La grande argentière concrétise essentiellement des engagements électoraux de son parti.

En cette période de ralentissement économique, Québec souhaite stimuler l'industrie de la construction.

Le nouveau crédit d'impôt pour la rénovation, en vigueur cette année seulement, correspond à 20% de la partie des dépenses qui excède 7500$. Par exemple, pour des travaux de 12 000$, le crédit d'impôt s'applique sur 4500$, ce qui donne un remboursement de 900$. L'aide de l'État ne pourra dépasser 2500$.

Québec chiffre son allègement fiscal à 250 millions de dollars. Monique Jérôme-Forget estime qu'environ 170 000 ménages dépenseront en moyenne 15 000$ pour des travaux de rénovation cette année. Le remboursement moyen s'élèverait ainsi à 1470$. Cette évaluation repose sur des projections de dépenses réalisées par le ministère des Finances à partir de statistiques datant de 2005. Est-ce que 170 000 ménages auront les moyens de dépenser 15 000$ en pleine période de ralentissement économique? «Si on se trompe, ça veut dire qu'on ne dépensera pas les 250 millions de dollars», a répondu Monique Jérôme-Forget.

Les propriétaires d'une maison individuelle, d'un duplex, d'un triplex, d'une maison mobile et d'un condominium peuvent bénéficier du crédit d'impôt.

Les travaux de rénovation doivent être confiés à des entrepreneurs qualifiés. Les dépenses doivent être engagées avant la fin de l'année.

Le crédit d'impôt permettra de maintenir au travail 25 000 personnes dans le secteur de la construction et de créer 2000 nouveaux emplois, estime le gouvernement.

La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec juge décevante l'annonce du gouvernement. Le crédit d'impôt est assorti de plusieurs conditions, plafonné à 2500$ et laisse de côté de nombreux propriétaires, déplore-t-il.

Hausse du salaire minimum

Les cinq autres mesures contenues dans l'énoncé économique sont aussi des promesses électorales du PLQ, comme la hausse de 50 cents l'heure du salaire minimum le 1er mai. Monique Jérôme-Forget bonifie de 10 millions de dollars le crédit d'impôt pour la production cinématographique et télévisuelle québécoise. Elle prévoit une contribution d'un milliard de dollars au capital de la SGF pour augmenter ses investissements dans des entreprises actives au Québec. Cette mesure a un impact sur le service de la dette de 31 millions de dollars. Seul le projet de loi sur l'allègement des règles de gestion des caisses de retraite privées nécessite un vote de l'Assemblée nationale.

Insuffisant

L'énoncé économique est insuffisant, accusent les partis de l'opposition. «On craignait que le premier ministre nous ait convoqués à l'Assemblée nationale pour un exercice de relations publiques; maintenant, on sait que c'est pour ça qu'il l'a fait. Et c'est pire que tout ce qu'on a imaginé», a affirmé la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois. Elle reproche aux libéraux d'avoir mis de côté certains engagements électoraux, comme l'investissement supplémentaire de 20 millions de dollars dans la formation de la main-d'oeuvre. L'énoncé économique ne vient pas en aide aux chômeurs et aux personnes à faible revenu, a-t-elle ajouté.

Pour le chef démissionnaire de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, le gouvernement a oublié la classe moyenne. «Le monsieur puis la madame qui gagnent chacun 40 000$ par année, pour eux, là, il n'y a pas eu de session parlementaire spéciale», a-t-il dit.

Il déplore que le crédit d'impôt pour la rénovation ne soit admissible qu'aux propriétaires qui dépensent plus de 7500$. Comme Pauline Marois, il doute que 17 000 ménages aient les moyens d'investir 15 000$ cette année dans des travaux de rénovation comme le prévoit le gouvernement.

«Il y a quelques mesures qui sont sans doute louables, mais dans l'ensemble c'est trop peu, trop maigre», a réagi de son côté le député de Québec solidaire, Amir Khadir, qui demande au gouvernement d'investir davantage dans le logement social.

 

LES SIX MESURES DE L'ÉNONCÉ ÉCONOMIQUE

1 HAUSSE DU SALAIRE MINIMUM DE

50 CENTS

LE 1ER MAI POUR LE PORTER À

9$ L'HEURE

2 CRÉATION D'UN CRÉDIT D'IMPÔT POUR LA RÉNOVATION RÉSIDENTIELLE AU COÛT DE

250 MILLIONS

3 CONTRIBUTION D'UN MILLIARD

À LA SGF POUR INVESTIR DANS DES ENTREPRISES ACTIVES AU QUÉBEC

4 BONIFICATION DE

10 MILLIONS

DU CRÉDIT D'IMPÔT POUR LA PRODUCTION CINÉMATOGRAPHIQUE ET TÉLÉVISUELLE

5 AUGMENTATION DES INVESTISSEMENTS DANS LES INFRASTRUCTURES D'ICI 2013 ; ILS PASSENT DE

37 À 41 MILLIARDS

6 ALLÈGEMENT DES RÈGLES DE GESTION DES CAISSES DE RETRAITE PRIVÉES