Après Paul Desmarais et Céline Dion, le président français Nicolas Sarkozy s'apprête à décerner la Légion d'honneur à Jean Charest.

Le chef de l'Etat français devrait remettre la plus prestigieuse décoration honorifique de la République au premier ministre québécois le 2 février, lors d'une cérémonie à l'Elysée, a appris La Presse Canadienne à Paris.

Jean Charest doit s'arrêter dans la capitale française en rentrant du Forum économique de Davos, en Suisse. Motif officiel de ce séjour: une allocution devant la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, le 3 février, pour

marquer l'ouverture le lendemain du Salon des entrepreneurs, dont le Québec est cette année et pour la première fois l'invité d'honneur.

Il n'a pas été possible de savoir officiellement lundi à quel échelon le premier ministre québécois sera reçu dans l'Ordre de la Légion d'honneur, mais on peut penser qu'il sera élevé directement au rang de Grand Officier, la troisième «dignité» en importance, derrière Grand Maître et Grand-Croix.

Le premier ministre René Lévesque avait eu droit à cet honneur lors de sa fameuse visite officielle de novembre 1977. Et c'est aussi le chef de l'Etat français, à l'époque Valéry Giscard d'Estaing, qui lui avait remis son insigne.

Vingt ans plus tard, la même décoration avait été remise à titre posthume à Robert Bourassa, qui l'avait refusée de son vivant, histoire de ne pas heurter les susceptibilités du Canada anglais en pleine crise constitutionnelle du Lac Meech.

On imagine mal que le président Sarkozy puisse offrir un rang moins important à son ami Jean Charest, même s'il y a eu un précédent: en 1992, Lucien Bouchard (il n'était plus premier ministre) avait été fait «commandeur», le plus élevé des trois «grades» de la Légion d'honneur, un cran en-dessous de la dignité de Grand Officier. C'est le premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, autre grand ami du Québec, qui lui avait remis sa récompense à l'Hôtel Matignon, en même temps qu'à son frère, l'historien Gérard Bouchard.

Une chose apparaît certaine: Jean Charest ne devrait pas rejoindre le financier Paul Desmarais dans le contingent très restreint des Grands-Croix de la Légion d'honneur. Ce club prestigieux ne regroupe qu'une soixantaine de personnes. Nicolas Sarkozy y avait accueilli le président de Power Corporation l'année dernière en soulignant que c'était «en partie grâce à ses conseils, à son amitié et à sa fidélité» qu'il était devenu président.

Quant à Céline Dion, elle a été faite «chevalier» de la Légion d'honneur en mai dernier, au Palais de l'Elysée.