La chef péquiste, Pauline Marois, a suscité le mécontentement dans ses troupes après avoir décidé de couper les vivres au journal indépendantiste Le Québécois, dirigé par Patrick Bourgeois.

blank_pageLe bureau de Mme Marois a annoncé vendredi que les députés n'achèteront plus de publicité dans ce journal parce que M. Bourgeois a fait des «commentaires inacceptables qui s'apparentent à des propos violents» lorsqu'il a dénoncé la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham. La semaine dernière, la figure de proue du Réseau de résistance du Québécois (RRQ) a dit que des personnes en colère contre la Commission des champs de bataille nationaux faisaient «de véritables appels au meurtre». La Commission a annulé la reconstitution de la bataille, se disant incapable d'assurer la sécurité des participants.

La décision du bureau de la chef péquiste ne fait pas l'unanimité parmi les militants réunis en conseil national ce week-end à Québec.

Selon Marc Laviolette, président des Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ libre, un club politique associé à l'aile gauche du parti), l'état-major péquiste «n'avait pas besoin de larguer le journal» pour se distancier de «tous ceux qui ont des propos qui, directement ou indirectement, font appel à la violence pour faire avancer la cause».

Selon Patrice Vachon, trésorier du RRQ et proche de M. Bourgeois, rompre les liens avec Le Québécois «est une mauvaise décision qui peut nuire à la cause». «Si le PQ cesse définitivement le financement, notre relation avec lui va changer». Il a laissé entendre que le RRQ pourrait se faire plus critique à l'égard du parti de Pauline Marois. Selon lui, la survie du journal Le Québécois n'est cependant pas menacée par la décision du PQ.

Des militants du PQ déposeront une proposition d'urgence pour demander au PQ de rester «solidaire des organisations indépendantistes qui oeuvrent au quotidien et sans actes violents à la promotion des intérêts du Québec notamment dans le cadre de l'annulation de la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham». Cette proposition fera l'objet d'un débat aujourd'hui.

Pour Mireille Mercier-Roy, candidate défaite dans Beauce-Nord aux dernières élections, la proposition d'urgence vise notamment à lever le mot d'ordre lancé par Pauline Marois et à permettre aux députés qui le souhaitent de financer Le Québécois. Bon an mal an, le PQ et le Bloc achètent pour 10 000$ de publicité à ce journal.

Les uns après les autres, les députés ont appuyé la décision de leur chef. «On n'avait pas le choix, a dit Bernard Drainville. Patrick a commis une erreur. C'est dommage. On ne peut pas, comme parti, commencer à cautionner le début de l'ombre de ce qui pourrait ressembler à de la violence. C'est la ligne qu'il ne faut pas traverser. Il aurait dû le savoir. Il connaît assez le PQ.»