Fidèle à la tradition, le Collectif 8 mars a souligné la Journée internationale des femmes, dimanche, en présentant ses revendications au gouvernement de Jean Charest, profitant cette année que la journée tombe à dix jours du dépôt du budget provincial pour lui réitérer ses demandes.

Au moment où la crise économique est la préoccupation première du gouvernement, le Collectif, qui regroupe des groupes de femmes et des organisations syndicales québécoises, a envoyé une lettre à l'intention de M. Charest à la mi-février, lui rappelant ses demandes quant à la condition des femmes, qui pourrait régresser suite à la crise si le nécessaire n'est pas fait.

«Le budget du Québec, c'est certainement l'occasion de trouver des mesures importantes pour faire face à la crise. Mais dans toutes ces mesures, dans tout ce budget, est-ce qu'on tiendra compte des femmes?», a demandé la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Michèle Asselin, qui présidait la conférence de presse du Collectif 8 mars.

Les signataires de la lettre demeurent sans réponse, outre un appel vendredi du cabinet de la ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre, pour leur signaler qu'elle ne devrait pas tarder.

En conférence de presse, dimanche après-midi, pour annoncer la désignation d'un édifice au nom du Dr Camille-Laurin, la ministre St-Pierre a confirmé que le Collectif recevrait sous peu une réponse.

«La lettre doit suivre son cours, mais les revendications qu'elles (les groupes de femmes) font vont dans le sens des actions que l'on pose au gouvernement», a-t-elle indiqué.

«Ce n'est pas parce qu'elles n'ont pas reçu la réponse que la lettre n'est pas analysée. Toutes les demandes des groupes en préparation du budget sont analysées et Mme Jérôme-Forget tient compte dans l'ensemble de toutes les demandes qu'elle reçoit», a souligné la ministre.

Le Collectif du 8 mars demande d'abord au gouvernement provincial de respecter son engagement à procéder à une analyse différenciée selon les sexes, qui évaluerait les effets distincts de toute politique, notamment le budget, sur les hommes et les femmes.

Saluant les investissements annoncés en infrastructures pour contrer la crise, les huit organisations réunies ont toutefois souligné qu'il s'agissait d'un secteur d'emploi majoritairement masculin. Le budget devrait donc proposer des mesures pour développer des emplois stables et bien rémunérés pour les femmes également. Une formation professionnelle pourrait aussi permettre d'accroître leur nombre sur les chantiers québécois.

Par ailleurs, Mme Asselin a martelé que les services publics doivent être maintenus, puisque la demande n'ira qu'en s'accroissant en raison de la crise.

«Il n'y a pas qu'une seule stratégie pour faire face à la crise. Et ce n'est surtout pas de réduire les services à la population, que ce soit en santé, en éducation ou même au niveau communautaire», a-t-elle affirmé.

Même son de cloche donc du côté du système de santé et des services sociaux, pour lequel le gouvernement doit s'assurer d'offrir des soins de santé, publics, gratuits et de qualité. Le Collectif demande également que les conditions de travail des employés, dont 80 pour cent sont des femmes dans le domaine de la santé, soient améliorées.

En matière d'éducation, qui devrait être une priorité nationale selon le Collectif, le décrochage scolaire demeure au cour des préoccupations. Même si les garçons sont durement touchés, les groupes demandent qu'une attention particulière soit portée aux besoins des jeunes filles, qui peuvent avoir des raisons particulières de quitter les bancs d'écoles.

La crise apportera également un besoin accru de travailleurs qualifiés, d'où la nécessité d'implanter des programmes spécifiques de formation professionnelle pour les jeunes, mais aussi pour les adultes.

Le Collectif a finalement réitéré sa demande de voir l'adoption d'une loi cadre sur la conciliation famille-travail.

«Depuis 2004, le gouvernement de Jean Charest nous promet une politique en matière de conciliation famille-travail. Il serait vraiment grand temps qu'on s'y applique», a déploré Mme Asselin.

Il pourrait s'agir de mesures comme l'augmentation du nombre de semaines de vacances, à trois plutôt que deux, une hausse du salaire minimum, ou l'octroie de congés pour responsabilité parentale, afin de permettre aux femmes d'éviter de devoir prendre des congés sans solde, a pour sa part proposé la première vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Louise Chabot.