Le gouvernement Charest laisse dormir 6 milliards de dollars à Ottawa alors qu'il annonce des déficits et s'apprête à multiplier les hausses de tarifs, accuse le Parti québécois.

L'opposition officielle a reproché vendredi le peu de vigueur montré par le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Jacques Dupuis, dans le règlement de ses litiges avec le gouvernement fédéral.

En interpellant le ministre Dupuis à l'Assemblée nationale, le député péquiste Alexandre Cloutier a dressé une liste des contentieux entre Québec et Ottawa totalisant 6 milliards de dollars.

Il a notamment cité le changement de la formule de péréquation qui entraînera une perte évaluée à 1 milliard $, la somme de 2 milliards $ qui n'a pas encore été versée pour les projets d'infrastructures, les 800 millions $ attendus pour le financement de l'éducation postsecondaire et les 421 millions $ qui doivent être versés au Québec pour la crise du verglas.

Après l'avoir questionné pendant deux heures au Salon bleu, le député Cloutier a déploré la désinvolture avec laquelle le ministre des Affaires intergouvernementales a traité cette interpellation.

«J'ai eu l'impression qu'on prend ça à la légère, je n'ai pas senti une volonté réelle de régler les dossiers avec un plan, une stratégie. Là, on laisse ça au gré du vent», a indiqué le député de Lac-Saint-Jean selon qui «il n'y a rien, pas de plan» pour récupérer l'argent.

Au terme de l'exercice, M. Cloutier, porte-parole de l'opposition en matière d'affaires intergouvernementales, se demandait pourquoi le ministre Dupuis avait laissé son collègue de l'Emploi, Sam Hamad, répondre à de nombreuses questions qui lui étaient pourtant adressées.

«C'est vraiment surprenant, le manque d'intérêt qu'on porte à ces questions, alors que la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, soutient pourtant qu'il faut se tourner vers Ottawa pour résoudre le déficit du Québec en 2013-2014», a-t-il ajouté, signalant que le ministre responsable ne s'est pas engagé à régler les dossiers en suspens.

En Chambre, le ministre Dupuis a répliqué que le Parti québécois cherchait à monter en épingle tout contentieux entre Québec et Ottawa parce qu'il défend la thèse que le «Canada ne fonctionne pas».

Il a aussi précisé qu'il avait obtenu un «signal super positif» de son homologue fédéral, Josée Verner, afin qu'Ottawa verse très bientôt les deux milliards $ prévus dans le cadre du programme Chantiers Canada, pour permettre aux municipalités de concrétiser leurs projets d'infrastructures.

Après l'interpellation, c'est toutefois le député libéral de Laval-des-Rapides, Alain Paquet, qui a rencontré seul la presse.

Même s'il a insisté sur les progrès accomplis depuis l'élection du gouvernement libéral en 2003, qui ont entraîné une hausse des transferts récurrents d'Ottawa de 6 milliards $, il a admis que des litiges importants doivent encore être réglés.

«Oui, il y a du travail à faire, mais nous sommes en demande, cela démontre notre volonté et notre détermination», a-t-il commenté.