L'apparition subite d'un important déficit budgétaire, les résultats catastrophiques de la Caisse de dépôt et le choix controversé de son nouveau président Michael Sabia: les Québécois n'ont pas aimé ce qu'ils ont vu à Québec depuis les dernières élections.

Et le gouvernement Charest a subi une dégelée tant dans les intentions de vote qu'en ce qui concerne la satisfaction des électeurs.

Si des élections avaient eu lieu cette semaine, les libéraux auraient récolté 33% des suffrages contre 40% au Parti québécois et 10% à l'ADQ, une fois répartis proportionnellement les 20% d'indécis, observe CROP dans sa dernière enquête réalisée pour La Presse, du 12 au 23 mars.

Pour les libéraux, c'est une chute de 10 points par rapport aux résultats des élections du 8 décembre 2008. Le PQ grimpe, lui, de 5 points, tandis que les adéquistes perdent 6 points, constate l'étude réalisée auprès de 1000 répondants. Une marge d'erreur de 3 points de pourcentage s'applique.

Le haut du pavé pour le PQ

Par rapport au précédent CROP, à la mi-janvier, les libéraux reculent de 8 points, les adéquistes, sans chef, perdent 3 points et les péquistes grimpent de 7 points.

Pour Maïalène Wilkins, analyste chez CROP, il est trop tôt pour déclarer que le PQ aurait remporté des élections cette semaine, mais le parti de Pauline Marois a clairement le haut du pavé depuis le début de l'année. «Mais on ne peut encore voir s'il s'agit d'une tendance qui se dessine ou du résultat de quelques décisions impopulaires», explique-t-elle.

Québec solidaire obtient 8% des intentions de vote, deux fois plus que le vote exprimé le 8 décembre.

La défaveur à l'endroit des libéraux se confirme quand on jette un coup d'oeil à la satisfaction à l'endroit du gouvernement. Alors que 52% des répondants se disaient satisfaits du gouvernement Charest à la mi-janvier, au précédent coup de sonde de CROP, cette proportion a glissé rapidement, à 37% en mars. Cette chute est aussi radicale que celle subie par le gouvernement en décembre 2003, au moment où il avait fait adopter, par bâillon, une série de projets de loi controversés - il s'en était suivi une période d'impopularité qui avait perduré deux ans.

Chez les francophones, le PQ aurait dominé clairement avec 48% des suffrages, 9 points de mieux qu'en janvier, si des élections avaient lieu cette semaine. Le PLQ arrive loin derrière avec 27% un recul de 7 points sur la précédente enquête CROP. Pour les libéraux, c'est le score le plus faible depuis février 2008 auprès de cet électorat qui a une influence importante sur le nombre de circonscriptions remportées. L'ADQ ne recueille plus que 11% d'appuis chez les francophones, seulement 3 points devant Québec solidaire.

À Montréal, le PQ a une mince avance sur les libéraux, à 38% contre 34% - la marge d'erreur est de plus de 3 points sur cet échantillon réduit. Les deux partis sont à égalité à Québec, avec 3 % d'appuis dans la seule région où l'ADQ représente encore une force, à 18%. En région, les péquistes dominent à 45% contre 33% aux libéraux et 11% aux adéquistes.

Marois moins populaire que son parti

Seule note discordante pour le PQ, la chef Pauline Marois ne semble pas faire le plein des appuis récoltés par son parti. Dans le match de la perception des chefs, elle ne fait qu'égaler le premier ministre Charest. Pour 37% des Québécois, Mme Marois est la plus apte à occuper le poste de premier ministre, une hausse de 7 points par rapport à la mi-janvier, et de 13 points comparativement au début décembre 2008. Jean Charest a reculé, de 42% à 38% depuis janvier. Les supporters de Mario Dumont n'ont clairement rallié aucun des deux autres camps. Les 11% d'appuis que détenait le député de Rivière-du-Loup sont simplement passés du côté des répondants qui estiment qu'aucun des chefs actuels ne ferait un bon premier ministre - un groupe passé de 8 à 18% depuis janvier.

Quant à la souveraineté du Québec, elle n'a pas le vent dans les voiles : seulement 39% des Québécois appuient l'idée que le Québec devienne un pays souverain, la proportion monte à 42% quand on reprend la question de 1995 sur la souveraineté-partenariat. Depuis que CROP pose la question sur la souveraineté, en mai 2007, l'option souverainiste est restée clairement minoritaire, oscillant entre 42 et 32%.