Le gouvernement Charest demande aux Québécois de se serrer la ceinture, mais il est loin de prêcher par l'exemple.

Depuis qu'ils sont au pouvoir, les libéraux de Jean Charest ont fait exploser les dépenses associées au fonctionnement du gouvernement, selon les données obtenues par La Presse Canadienne auprès du conseil exécutif, en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Ainsi, en six ans, la masse salariale totale consentie aux cabinets ministériels a augmenté de près de 30 pour cent.

En 2003, au chapitre de la rémunération, le personnel politique du gouvernement libéral coûtait aux contribuables 18,9 millions $, contre 26,4 millions $ actuellement.

Et malgré la crise économique qui sévit, au point de justifier le déclenchement d'élections générales l'automne dernier, la propension du gouvernement à ouvrir les vannes n'a pas fléchi.

Au contraire. En décembre dernier, une fois reporté au pouvoir, le premier ministre a choisi d'ajouter huit nouveaux venus à son conseil des ministres, pour un total de 26 membres.

Total de la facture: 3,8 millions $ de plus, pour entourer ces nouveaux ministres de tout le personnel politique requis.

En moins de deux, la masse salariale du gouvernement, pour ce qui est du niveau politique, venait de faire un bond de 15 pour cent, passant de 22,5 millions $ à 26,4 millions $.

Et cela n'inclut pas la prime accordée à ces députés appelés à siéger à la table du conseil. Promus ministres, les huit nouveaux venus ont vu leur salaire de base passer alors de 83 714 $ à 145 500 $. Et le 1er avril, il augmentera à 149 429 $.

Le gouvernement Charest compte actuellement sur 467 personnes pour passer son message politique. Souvent issu du parti au pouvoir, le personnel politique - directeur de cabinet, attachés politiques, attaché de presse et personnel de soutien - seconde le ministre dans sa tâche et assure le lien avec les fonctionnaires.

Si le gouvernement dans son ensemble coûte de plus en plus cher aux contribuables, il en va de même au cabinet du premier ministre Charest.

Ainsi, la rémunération globale versée au personnel politique rattaché directement au premier ministre s'est accrue de 14 pour cent depuis son élection en 2003, passant de 3,4 millions $ à tout près de 4 millions $ aujourd'hui.

Au cours des années 2003, 2004, 2005 et 2006, la masse salariale du cabinet du premier ministre était gelée à 3,4 millions $, avant de faire un bond chaque année par la suite.

Après la dernière élection, la facture salariale de son cabinet a fait un bond de 200 000 $.

Dès ce mercredi, le 1er avril, tous les députés, ministres et employés des cabinets verront aussi leur salaire majoré de deux pour cent. Le salaire de base de député passera ainsi de 83 714 $ à 85 388 $. Les primes seront majorées aussi.

Quant à lui, le premier ministre verra son salaire de base passer de 171 614 $ à 175 045 $.

La rémunération offerte au personnel politique est fixée selon des normes correspondant à celles en vigueur dans la fonction publique pour des postes équivalents.

Or, Québec ne respecte pas toujours ses propres normes, certains se voyant offrir un salaire bien supérieur au maximum autorisé.

C'est les cas présentement pour 17 employés politiques, qui ont cette chance de bénéficier d'une dérogation salariale.

Par exemple, en principe, un directeur de cabinet aura droit, à compter du 1er avril, à un salaire annuel maximal de 116 549 $. Mais quatre d'entre eux touchent en fait une rémunération plus alléchante, grâce à une dérogation aux normes autorisée par leur ministre.

Le recours à la dérogation n'est pas un phénomène nouveau. En 2005, le cabinet du premier ministre avait offert à Michel Guitard un revenu annuel de 170 000 $ pour exercer la fonction de directeur des communications, alors que le maximum permis était de 110 000 $.