Le gouvernement Charest est préoccupé par l'enquête de la Sûreté du Québec sur les liens entre le crime organisé et l'industrie de la construction d'autant plus qu'il investit comme jamais des milliards de dollars dans des travaux d'infrastructures.

La SQ a mené hier une vaste opération de perquisitions chez une dizaine d'entrepreneurs dans le cadre d'une enquête sur un réseau de blanchiment d'argent dans le secteur de la construction.«On est conscient du fait qu'au niveau de la construction, il y a beaucoup d'activités. C'est une préoccupation pour nous de faire en sorte que les choses se passent correctement. On fera les ajustements au besoin», a affirmé le premier ministre Jean Charest ce matin, refusant de préciser ce que seraient ces ajustements.

Québec investira près de 42 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années dans des travaux d'infrastructures. Est-ce que le crime organisé risque de profiter de ces investissements? «Je ne veux pas commenter les enquêtes», a répondu M. Charest.

«C'est clair que nous suivons ça de très près, a dit de son côté le ministre de la Sécurité publiques, Jacques Dupuis. C'est évidemment préoccupant. Nous n'avons pas les yeux fermés. Nous avons les yeux très ouverts, les oreilles très ouvertes. On suit ça avec énormément d'intérêts.»

Québec attend les conclusions de l'enquête policière avant de se prononcer sur l'opportunité de tenir une commission d'enquête sur l'industrie de la construction, comme celle présidée par Robert Cliche en 1975. «On verra éventuellement ce qui sortira de l'enquête policière, et le moment venu on prendra une décision», a affirmé le ministre du Travail, David Whissel.

Le ministre dit avoir «croisé à certaines occasions» Tony Accurso, un entrepreneur important de l'industrie de la construction. «Mais jamais sur son bateau, jamais dans sa loge. Je n'ai jamais été chez lui», a-t-il indiqué, refusant de préciser à quelles occasions il l'avait rencontré.

Interrogé afin de savoir pourquoi les chantiers de construction coûtent systématiquement 10% de plus au Québec que dans le reste du Canada, Jean Charest a répondu qu'«il y a des raisons historiques que des gens pourront peut-être expliquer mieux que d'autres».

Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, qui a passé 25 ans au Fonds de solidarité de la FTQ, a dit qu'il serait «très surpris» que cette institution ait pu, même sans le savoir, investir dans des entreprises liées au crime organisé. Il n'a «jamais» eu de soupçons à cet égard durant son passage au Fonds.