L'ancien directeur général du Parti québécois, Raymond Bréard, éclaboussé par une affaire de lobbyisme en 2002, reprend du service en politique et passe à l'Action démocratique du Québec. Il agit comme conseiller auprès de l'ex-député de Lévis, Christian Lévesque, qui se lance dans la campagne à la direction de l'ADQ, a appris La Presse.

Raymond Bréard s'est retrouvé sur la sellette en février 2002 après que l'on eut révélé qu'il avait touché des honoraires de 200 000$ sur des subventions gouvernementales destinées à l'industrie culturelle. Il avait quitté son poste de chef de cabinet du ministre des Finances Bernard Landry - un ami personnel - en 1998 et, quelques mois plus tard, était devenu actionnaire de la firme de lobbyisme Oxygène 9.

Plongé dans la controverse, Raymond Bréard avait démissionné de son poste de directeur général du PQ qu'il occupait depuis le printemps 2001. À la suite de «l'affaire Bréard» et, surtout, de la démission du ministre Gilles Baril en raison de ses liens avec Oxygène 9, le gouvernement Landry avait adopté une loi sur «la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme».

«J'ai tourné la page», a affirmé M. Bréard à La Presse hier. Il dit n'avoir «rien» à se reprocher. Il trouverait «dommage» que cette histoire nuise à la candidature de M. Lévesque. «Vous savez, en politique, il y a bien des choses qui nuisent et qui ne devraient pas. S'il y en a qui veulent revenir là-dessus, je ne sais pas ce qu'on pourrait ajouter d'autres», a-t-il laissé tomber.

Christian Lévesque a confirmé à La Presse qu'il se porte candidat à la succession de Mario Dumont. Il fera une annonce officielle en juin seulement, après le conseil général de l'ADQ, les 30 et 31 mai. Il devient le deuxième candidat à la direction après le député de La Peltrie, Éric Caire.

«On ne peut pas tourner le dos à quelqu'un comme Raymond Bréard, une personne qui a une grande expérience», a affirmé M. Lévesque, qui travaille chez Vitrerie Lévis, une entreprise fondée par son père. Selon lui, comme M. Bréard a travaillé au sein d'un gouvernement, il jouit d'une «expertise» qui fait défaut à l'ADQ. «Même s'il vient du PQ, il a une position de droite» qui correspond aux valeurs de l'ADQ, a-t-il ajouté. Il ne croit pas que la présence de M. Bréard dans son équipe sera mal accueillie par les adéquistes.

Raymond Bréard dit ne plus être membre du PQ depuis la démission-surprise de Bernard Landry au congrès de juin 2005. «Il y a toujours eu deux tendances au PQ, une de droite et une de gauche. Je trouve que le Parti québécois se place plus à gauche qu'avant. Alors que moi, je me maintiens un peu plus à droite. Le programme de l'ADQ m'inspire plus que celui du PQ des dernières années.»

Raymond Bréard a commencé à flirter «discrètement» avec l'ADQ peu de temps après l'arrivée de Pauline Marois à la tête du PQ, en 2007. En février 2002, elle s'était dissociée d'une décision du comité exécutif du PQ et avait réclamé que M. Bréard quitte ses fonctions de directeur général. «Je n'ai pas tellement aimé cet épisode. Je n'ai pas beaucoup d'affinités avec elle», a-t-il souligné.

En janvier, l'ex-député adéquiste de Huntingdon, Albert De Martin, a rencontré M. Bréard afin de l'inviter à avoir un tête-à-tête avec Christian Lévesque, qui songeait à briguer la direction de l'ADQ. M. Bréard a accepté, et il est devenu conseiller de M. Lévesque à la suite de la rencontre. Il a vanté le «profil économique» de M. Lévesque - il a présidé la Chambre de commerce de Lévis en 2006 - et sa volonté de s'entourer d'une «équipe diversifiée». Son organisateur de campagne est René Therrien, le directeur général du comptoir alimentaire Le Grenier de Lévis, une OSBL.

Raymond Bréard n'est toujours pas membre de l'ADQ. Il le deviendra sous peu en signe d'appui à Christian Lévesque. Il a voté pour l'ADQ aux dernières élections générales. Christian Lévesque, 38 ans, a été élu député de Lévis aux élections de 2007. Le libéral Gilles Lehouillier l'a battu le 8 décembre dernier.