Mario Dumont confirme qu'il avait donné le mandat à un avocat de discuter avec le Parti québécois pour former une coalition avec le Parti québécois afin d'éviter la tenue d'élections à la fin de 2008.

Me Marc-André Gravel, avocat proche de l'ADQ depuis longtemps, «devait explorer avec le PQ s'ils considéraient utile d'empêcher la tenue d'élections», a souligné hier M. Dumont, joint par La Presse.

«Ces approches visaient à enlever le contrôle du jeu au premier ministre (Jean) Charest. Mme (Pauline) Marois disait en public qu'elle ne voulait pas d'élections, mais ce qu'elle nous a fait savoir en privé, c'est qu'elle en voulait et pensait les gagner. Nous, on pensait qu'il fallait empêcher M. Charest d'aller en élections; elle, au contraire, pensait que c'était à son avantage qu'il y aille», a soutenu l'ancien chef de l'ADQ.

Hier, La Presse a révélé que des tractations avaient eu lieu entre le PQ et l'ADQ, pendant deux ou trois jours, à deux semaines du déclenchement des élections l'an dernier. Pour convaincre le PQ de former une coalition, le négociateur adéquiste, Me Marc-André Gravel, avait indiqué que le gouvernement de coalition aurait Mme Marois comme première ministre, avec le feu vert du chef de l'ADQ, alors chef de l'opposition officielle. Les sondages, unanimes, il faut le rappeler, laissaient prévoir la dégelée qu'allait subir l'ADQ aux élections et montraient déjà que les libéraux avaient toutes les chances de remporter un scrutin à la fin de 2008.

Hier, Mme Marois a soutenu que ces discussions avec l'ADQ «n'étaient jamais venues à (ses) oreilles», une affirmation contredite par les confidences de ses collaborateurs la veille.

Mario Dumont sursaute quand on lui souligne que Mme Marois soutient n'avoir jamais entendu parler de ces tractations. «Si elle dit cela, c'est un discrédit assez terrible pour son émissaire, Me Éric Bédard qui nous était revenu avec comme réponse, que Mme Marois pensait gagner l'élection et ne voulait rien faire pour ralentir le train», maintient l'ex-chef adéquiste.

Une autre source péquiste a confirmé hier la version de M. Dumont : la chef péquiste a fait savoir par Me Bédard qu'elle n'était pas intéressée.

Avant d'obtenir une fin de non-recevoir du PQ, les stratèges de l'ADQ avaient fait savoir au caucus des députés adéquistes que des discussions avaient lieu avec le PQ sur une éventuelle coalition. «On avait dit qu'il y aurait une seconde réunion si nécessaire», se souvient M. Dumont. Le refus du PQ de poursuivre avait rendu l'opération inutile. Hier, Éric Caire a «nié avoir été au courant d'une coalition entre l'ADQ et le PQ».

Le rapprochement avorté entre l'ADQ et le PQ a soulevé hier l'ironie du premier ministre Charest. «Ils voulaient se saisir du pouvoir!» a lancé M. Charest, selon qui ces discussions montrent le peu de cas que font de la démocratie les stratèges adéquistes comme péquistes.