Alors que l'opposition officielle alléguait de nouvelles irrégularités dans un programme d'investissements régionaux, le gouvernement a refusé mercredi de confier un mandat spécial au vérificateur général pour qu'il fasse la lumière dans ce dossier.

Lors de la période des questions, le Parti québécois s'est livré à ce qui ressemble de plus en plus à une séance du supplice de la goutte d'eau envers le gouvernement, en alléguant de nouvelles irrégularités dans les activités des Fonds d'intervention économique régionale (FIER), dont le capital se compose de deux tiers de fonds publics.

Le porte-parole péquiste des finances, François Legault, a affirmé que l'homme d'affaires Valier Boivin a reçu des honoraires de 200 000 $ à titre d'avocat, de la part de l'entreprise Systèmes BUS, dont il était actionnaire, qui avait elle-même obtenu près de 1,4 million $ d'investissement de deux FIER dont il était administrateur.

«Les deux FIER ont investi 1,375 million $, et l'entreprise a été revendue, presque en faillite, à 520 000 $, a-t-il dit. On apprend aussi, lorsqu'on regarde les états financiers, que Systèmes BUS a payé, en 2006, 90 000 $ à M. Boivin comme honoraires d'avocat et 112 000 $ en 2007 comme honoraires d'avocat.»

M. Legault a demandé au ministre du Développement économique, Raymond Bachand, s'il s'agissait d'un conflit d'intérêts.

M. Bachand s'est limité à dire qu'Investissement Québec, qui supervise les activités des FIER, allait effectuer une opération de vérification.

«Nous avons demandé au comité de vérification d'Investissement Québec de faire un examen de l'ensemble des dossiers avec l'aide de leurs vérificateurs externes et internes et de faire rapport au comité de vérification indépendant du conseil d'administration d'Investissement Québec», a-t-il dit.

Une porte-parole de M. Boivin s'est par la suite chargée de faire savoir que le principal intéressé niait tous les faits exposés mercredi par le PQ.

Selon Gabrielle Collu, M. Boivin a fait partie d'un cabinet d'avocats qui a facturé des honoraires à Systèmes BUS, mais il avait vendu ses parts au moment où l'entreprise a réglé les frais.

«Il n'avait plus aucun intérêt dans ce cabinet là, il s'est complètement sorti de ce cabinet», a-t-elle dit.

Durant la période des questions, la chef péquiste Pauline Marois a réclamé une enquête du vérificateur général dans le dossier des FIER, soutenant que M. Bachand et les dirigeants d'Investissement Québec se sont discrédités en affirmant, la semaine dernière, que toutes les règles avaient été respectées, pour être contredits au cours des derniers jours par des révélations de l'opposition.

Sa requête a été repoussée par le gouvernement. Selon M. Bachand, une enquête du vérificateur général serait exagérée et il s'est montré convaincu que des administrateurs indépendants d'Investissement Québec seraient à la hauteur de la tâche.

«Voilà la gouvernance et voilà, quand il y a un programme qui marche bien, comment il faut vérifier un certain nombre de cas, et non pas salir tous les gens d'affaires du Québec», a-t-il dit.

Depuis une semaine, les partis d'opposition ont relevé des cas d'irrégularités dans les activités des FIER, des sociétés de capital-risque dont le mandat est de soutenir les entreprises en démarrage.

Le PQ et l'Action démocratique du Québec ont multiplié les exemples de FIER ne respectant pas les règles d'investissement dans leur région d'origine. Ils ont aussi allégué que M. Boivin et Pietro Perrino, deux proches des libéraux, s'étaient placés en conflit d'intérêts en administrant les FIER Ville-Marie et Boréal, qui ont investi dans quatre entreprises dont ils étaient actionnaires.

Durant la période des questions, la leader parlementaire adjoint de l'opposition officielle, Agnès Maltais, a soumis à M. Bachand le cas d'un hôtel pour animaux de Montréal qui s'est qualifié pour recevoir 250 000 $ en capital-risque de la part du FIER Montestrie, de Granby.

«Un hôtel de luxe pour chiens et chats urbains à Montréal, a-t-elle dit. Je vous assure, les animaux de compagnie sont très bien traités: hôtel climatisé, télévision, webcam, gymnase, service de limousine, toute la grosse affaire.»

Mme Maltais a interrogé M. Bachand pour savoir si ce type d'entreprise correspondait au mandat du programme gouvernemental, alors que le secteur de l'agriculture n'est, quant à lui, pas admissible au soutien des FIER.

Le ministre a accusé la députée péquiste d'être méprisante envers le secteur des services.

«Tous les services aux citoyens, tous les services sont respectables et devraient être respectés en cette Assemblée nationale», a-t-il dit.