Deux ministres du gouvernement du Québec ont dû se défendre, mardi, de s'être placés en situation de conflits d'intérêts à cause d'entreprises dont ils sont propriétaires.

Le ministre du Travail, David Whissell, a déclaré qu'il n'a rien à se reprocher relativement aux actifs qu'il possède dans une entreprise d'asphaltage dont le nombre de contrats obtenus du gouvernement a augmenté ces dernières années.

M. Whissell a affirmé que la participation de 20 pour cent qu'il détient dans Asphalte, Béton, Carrières Rive-Nord était dans une fiducie sans droit de regard, créée en 2004, ce qui empêche tout conflit d'intérêts à propos des appels d'offres retenus par l'Etat.

En sortant d'une commission parlementaire sur des modifications à la loi sur l'équité salariale, le ministre a affirmé qu'il ignorait tout des activités de l'entreprise, dont le siège est à Mirabel.

«Je ne suis point au courant, je ne participe pas aux décisions, a-t-il dit. Je ne peux même pas vous dire si les chiffres qui sont avancés sont véridiques, je n'ai pas accès à ces données et je ne cherche pas à connaître les données.»

Selon un reportage diffusé mardi par la radio de Radio-Canada, la valeur annuelle des contrats accordés par le ministère des Transports du Québec (MTQ) à ABC Rive-Nord a plus que doublé depuis la nomination de M. Whissell à son poste de ministre, en 2007.

Radio-Canada a indiqué que l'entreprise avait obtenu 5 millions $ du MTQ, en 2006, comparativement à 11,5 millions $ en 2008, pour un total de près de 28 millions $ en trois ans.

Mardi, M. Whissell a défendu l'intégrité du processus d'appel d'offres du MTQ qui garantit que le contrat est accordé au plus bas soumissionnaire.

Dans les trois dernières déclarations d'intérêts des membres du conseil des ministres, M. Whissell avait indiqué que ces actifs étaient placés dans une fiducie.

Dans la plus récente, rendue publique la semaine dernière avec celles des autres ministres, M. Whissell a ajouté une annexe dans laquelle il s'engage à ne pas discuter avec ses collègues des activités d'ABC avec l'Etat.

Mardi, M. Whissell a assuré qu'il s'était abstenu de la même manière depuis son arrivée au conseil des ministres.

«Je peux vous en assurer, a-t-il dit. La disposition qui est écrite dans ma déclaration d'intérêts a pour principal objectif de rajouter de la rigueur et que moi, comme ministre et comme personne qui siège autour de la table, je prenne de la distance des discussions qu'ils peuvent avoir par rapport à des contrats ou à des opérations en matière de transport.»

Lors de la période des questions, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'est lui aussi défendu d'avoir été en conflit d'intérêts entre le moment où il a succédé à Philippe Couillard, en juin dernier, et celui où il a produit sa première déclaration d'intérêts, la semaine dernière.

La leader parlementaire adjoint de l'opposition officielle, Agnès Maltais, a soutenu que M. Bolduc s'est placé en situation de conflit d'intérêts dès le début de sa carrière politique.

«Pendant 10 mois, il a enfreint la directive du premier ministre en ne rendant pas publique sa déclaration d'intérêts, a-t-elle dit. Nous savons pourtant aujourd'hui qu'il avait et qu'il a toujours des intérêts dans une entreprise qui est susceptible de transiger avec l'Etat.»

M. Bolduc a assuré que dans les 24 heures suivant sa nomination, il a abandonné toutes ses activités autres que politiques.

«J'ai abandonné toutes mes activités, autant comme consultant dans la santé, que médecin de famille, et puis j'ai lâché toutes les entreprises dans lesquelles j'étais à l'intérieur de 24 heures», a-t-il dit en Chambre.

M. Bolduc a affirmé qu'il avait rempli une première déclaration d'intérêts, qui n'a jamais été rendue publique, dans les délais prescrits.

Après avoir consulté le jurisconsulte de l'Assemblée nationale, il en a produit une deuxième, qui a été soumise publiquement par la suite.

«Ayant ramassé des actifs assez intéressants, j'ai déposé ma requête, et, par la suite, on est allés en consultation pour s'assurer que je respecte l'éthique, a-t-il dit. Parce que, pour moi, l'important, c'est d'être sûr de ne pas être en conflit d'intérêts. Et même le jurisconsulte a été consulté, et, par la suite, on m'a demandé de refaire la déclaration pour être certain que ça respectait l'éthique.»