Les partis d'opposition ont fait front commun vendredi pour exiger une enquête du vérificateur général sur les pertes colossales affichées par la Caisse de dépôt et placement du Québec en 2008.

Amir Khadir, de Québec solidaire, la chef péquiste Pauline Marois et la leader par intérim de l'ADQ, Sylvie Roy, espèrent faire fléchir le gouvernement Charest, qui est déterminé à tourner la page au plus vite sur les déboires du «bas de laine» des Québécois.

«N'oublions pas que les pertes de 40 milliards $ à la Caisse de dépôt, ça veut dire 40 fois le Stade olympique. C'est un pour cent de toutes les pertes à travers le monde, pour un petit État comme le nôtre. Alors, je crois que les citoyens ont droit à la vérité», a fait valoir Mme Marois, en conférence de presse à Québec, flanquée de M. Khadir et de Mme Roy.

Les 30 heures d'audiences publiques sur les pertes de la Caisse ont laissé de nombreuses questions sans réponses, a martelé la chef de l'opposition officielle.

En outre, les déposants ne savent toujours pas pourquoi la Caisse a continué d'acheter pour près de 900 millions $ de papier commercial adossé à des actifs (PCAA) en août 2007, après avoir été prévenue de l'effondrement imminent de ce marché.

Mme Marois souhaite notamment que le vérificateur interroge l'ancien président du conseil d'administration, Pierre Brunet, et qu'il scrute les procès verbaux des rencontres et les enregistrements entre les acheteurs et les courtiers.

L'objectif n'est pas tant de désigner un coupable que d'envoyer un message clair aux grands dirigeants qui gèrent l'argent du peuple, a souligné M. Khadir.

«Le but n'est pas de jeter des blâmes ou de crucifier sur la place publique M. Henri-Paul Rousseau. L'idée, c'est d'établir des faits et s'il y a erreur, qu'il y ait des conséquences, un effet dissuasif, pour que ceux qui sont en poste de commande prennent des décisions avec moins de légèreté avec l'argent du public», a expliqué le député de Mercier.

Pour démontrer que leur démarche est non partisane, les trois représentants de l'opposition ont signé publiquement la lettre demandant au vérificateur général Renaud Lachance d'intervenir dans le dossier.

«Nous ne faisons pas de partisanerie. Celui qui se sacre grand bâtisseur, bien, qu'il s'élève au-dessus de la mêlée et qu'il vienne signer cette lettre-là», a dit la chef de l'ADQ par intérim, à l'intention du premier ministre Jean Charest.

À l'Assemblée nationale, le premier ministre a répété que la commission parlementaire spéciale sur les résultats de la Caisse avait amplement permis de lever le voile sur la catastrophe financière et d'en tirer les leçons adéquates.

Plus tôt cette semaine, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a d'ailleurs annoncé un bouquet de mesures pour accroître la transparence et la reddition de comptes de la Caisse de dépôt.

Imperturbable, le ministre Bachand a reproché vendredi aux trois leaders de l'opposition de vouloir étirer la sauce indéfiniment à des fins partisanes.

«Dans la vie, l'opposition ne cherche que des enquêtes. Il y a 120 milliards $ à gérer à la Caisse et l'intérêt public commande de laisser la nouvelle équipe de direction faire son travail. Une enquête viendrait paralyser l'organisation», a avancé M. Bachand.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a perdu 40 milliards $ en 2008, 10 milliards $ de plus que les institutions comparables.