Moment d'un rare consensus, les chefs des trois partis représentés à l'Assemblée nationale ont réclamé au vérificateur général une enquête sur la Caisse de dépôt et placement.

Il ne manquait hier que la signature de Jean Charest à la lettre que Pauline Marois, Sylvie Roy, la chef adéquiste, et Amir Khadir, le député de Québec solidaire, ont transmise au vérificateur général, Renaud Lachance.

 

Jeudi, le vérificateur s'était dit disposé à enquêter sur la catastrophe survenue à la Caisse de dépôt en 2008, à la condition toutefois que l'Assemblée nationale lui en donne le mandat.

Dans une conférence de presse commune - un fait inusité -, les chefs des trois partis ont soutenu qu'il est nécessaire d'aller plus loin que la commission parlementaire qui, pendant 30 heures depuis deux semaines, a entendu les anciens dirigeants de la Caisse ainsi que les organismes (les «déposants») qui avaient confié leurs réserves à la Caisse.

40 Stades olympiques

Avec 40 milliards de pertes pour 2008, ce sont 40 Stades olympiques qui s'envolent en fumée, a fait valoir Mme Marois. «La vérification à terme permettra de comprendre les causes de ces pertes historiques et de prendre les mesures nécessaires pour qu'une telle situation ne se reproduise pas», écrivent les trois chefs au vérificateur.

Le vérificateur général a, rappellent-ils, davantage de pouvoir que les députés de la commission, «qui n'ont pas eu accès à tous les documents pertinents ni entendu certains témoignages-clés». Renaud Lachance pourrait, par exemple, exiger les enregistrements des conversations entre les courtiers du privé et les acheteurs de la Caisse, qui ont continué d'acquérir des papiers commerciaux même si l'alarme sonnait partout dans les milieux financiers, a illustré Mme Marois au cours de la conférence de presse. La Caisse a acheté pour 893 millions de ces créances toxiques dans les quatre jours qui ont suivi le moment où elle a été prévenue du fait que des institutions refusaient de traiter ces produits.

De plus, le vérificateur pourrait rencontrer Pierre Brunet, l'ancien président du conseil d'administration, qui n'est pas venu en commission parlementaire.