Gérard Deltell, député de Chauveau et ex-reporter de TQS, pourrait se porter candidat à la direction de l'Action démocratique du Québec, dont le chef sera choisi le 4 ou le 18 octobre prochain au lieu du mois de février 2010.

Hier, après un discours enflammé devant les militants adéquistes réunis en conseil général à Québec, M. Deltell a dit subir d'intenses pressions auxquelles il n'est plus du tout insensible.

«Je n'ai pas l'intention de me présenter actuellement, mais j'ai énormément de pression des militants», a-t-il répété en insistant chaque fois sur le mot «actuellement». «Le discours que j'ai fait ce matin, ce n'est pas de quoi refroidir les ardeurs», a ajouté le président d'honneur du conseil général. Il a en effet été ovationné à quelques reprises au cours de ce plaidoyer sur la pertinence de l'ADQ dans le paysage politique québécois, dans lequel il a décoché des flèches vers le gouvernement Charest et le Parti québécois.

«Il paraît que t'as volé le show!» lui a lancé l'ancien chef Mario Dumont, qui est arrivé au conseil général en fin d'après-midi, quelques heures avant une soirée-hommage à laquelle les médias n'ont pu assister.

Mario Dumont se dit satisfait de la tournure de la course à la direction, qui compte à l'heure actuelle trois candidats déclarés: Gilles Taillon, Éric Caire et Christian Lévesque.

Interrogé sur la candidature possible du député de Chauveau, il a dit: «Je pense que ce n'est rien de nouveau que M. Deltell a beaucoup de talent. C'est un communicateur naturel qui connaît bien les enjeux politiques.»

Au moins un membre de l'équipe parlementaire adéquiste, le député de Beauce-Nord, Janvier Grondin, incite Gérard Deltell à se porter candidat. «Ce serait quelqu'un de nouveau, avec des idées nouvelles. C'est ce que ça nous prend», a-t-il affirmé. Selon lui, M. Deltell est dans une position délicate puisqu'il préside le conseil général du week-end et ne doit pas «profiter de son poste» pour promouvoir son éventuelle candidature. Il est plus sage d'attendre quelques jours avant de faire une annonce officielle, a-t-il dit.

Le discours survolté de Gérard Deltell a alimenté les discussions de corridor. «Ça me donnait l'impression qu'il testait des affaires. Il m'est apparu comme un gars qui réfléchissait à poser sa candidature», a affirmé Sébastien Proulx, ex-député de Trois-Rivières, qui a été leader parlementaire de l'ADQ. «Ce serait une bonne candidature. C'est un bon tribun, quelqu'un de convaincu qui sait être convaincant.»

Le militant et organisateur Jean-Pierre Parrot, qui appuie Gilles Taillon, dit avoir entendu «entre les branches» qu'Éric Caire pourrait abandonner la course et se rallier à la candidature de Gérard Deltell. Interrogé, le principal intéressé a répondu: «Ce n'est pas dans l'air. Gérard a toujours dit qu'il n'avait pas d'intérêt à y aller. J'ai plutôt tendance à le croire. Ça m'apparaît quelqu'un qui n'a pas le nez dans le vent. Il prend une décision, et il tient à sa décision. Sa décision, il l'a répétée à de nombreuses reprises.»

L'ex-candidate conservatrice Myriam Taschereau, qui a renoncé à briguer la direction de l'ADQ, compte appuyer Éric Caire «si la course demeure à trois candidats». Mais si Gérard Deltell ou une autre candidature s'ajoute, «on verra», a-t-elle dit dans une sortie médiatique qui avait été planifiée par l'équipe de M. Caire.

Quant à Gilles Taillon, selon un sondage que son équipe a commandé, il mène la course. «C'est toujours une position embêtante parce que les gens ont toujours le goût de tirer sur le meneur. Mais je vis bien avec ça», a commenté l'ancien numéro 2 de l'ADQ.

Enfin, l'ex-député de Lévis, Christian Lévesque, s'attend à gagner des points bientôt: «Les gens vont apprendre à me connaître et à connaître mon équipe», a-t-il affirmé.

Hier, 350 militants adéquistes ont adopté un document qui confirme les principales valeurs de l'ADQ. Aujourd'hui, ils entérineront les règles de la course à la direction. Selon toute vraisemblance, ils devanceront l'élection de leur prochain chef, qui était prévue en février 2010, au 4 ou au 18 octobre.

Chouinard, TommyStéphane Gendron soulève la controverse

Plusieurs adéquistes sont en colère contre le maire de Huntingdon, Stéphane Gendron, qui ne s'est pas levé pour applaudir l'ancien chef Mario Dumont lorsqu'il a fait son entrée au conseil général, hier. «C'est un manque de respect», «ça n'a pas d'allure», ont confié des militants à La Presse. Un peu plus tôt, M. Gendron avait affirmé aux journalistes que la course à la direction était «au neutre». «Je pensais qu'après le départ de Mario Dumont, qui incarnait la langue de bois, on aurait une espèce de parti plus musclé. Mais on est au début», a-t-il ajouté. Il envisage de briguer la succession de l'ADQ un jour, mais il a choisi de passer son tour cette fois-ci. «J'étais premier dans les sondages et je n'étais même pas candidat», a-t-il lancé.