Les trois quarts des Québécois jugent que les chances que le Québec se sépare un jour du Canada sont faibles voire nulles, révèle un sondage Angus Reid-La Presse.

Mais les nouvelles ne sont pas que mauvaises pour Pauline Marois. La grande majorité des Québécois rejettent le statu quo constitutionnel. Leur coeur oscille entre plus d'autonomie et la souveraineté pure et simple.

Les résultats de ce sondage en ligne, réalisé les 4 et 5 juin auprès de 805 Québécois, tombent au moment où la chef péquiste vient de dévoiler son plan de match pour la souveraineté. Elle propose de multiplier les revendications auprès du gouvernement fédéral en attendant le moment propice pour faire la souveraineté.

Ce moment, les Québécois sont bien peu confiants de le voir, selon le sondage Angus Reid. Pas moins de 74% des répondants estiment qu'il n'est pas tellement (47%) ou pas du tout (27%) probable que le Québec se sépare un jour du Canada. Vingt pour cent pensent que c'est assez (15%) ou très probable (5%). Six pour cent se disent incertains.

Invités à faire un choix entre le statu quo constitutionnel, la souveraineté et plus d'autonomie, les Québécois sont divisés. Quelque 32% croient que «le Québec a suffisamment d'autonomie et devrait demeurer au sein du Canada». Pour 28% des répondants, «le Québec devrait être un pays séparé et indépendant». Mais 30% jugent que «le Québec a besoin de plus d'autonomie, mais devrait tout de même demeurer au sein du Canada».

Selon Jaideep Mukerji, vice-président Affaires publiques d'Angus Reid, «la stratégie de Pauline Marois semble bonne», puisqu'elle pourrait séduire la partie de l'électorat qui, bien qu'attachée à la fédération canadienne, désire davantage d'autonomie pour le Québec. Il note également que 80% de 805 répondants ont identifié au moins un domaine où le Québec devrait avoir plus de pouvoirs.

La culture (34%), l'économie (33%) et la fiscalité (26%) viennent en tête de liste de ces «domaines où le Québec a besoin de plus d'autonomie par rapport au gouvernement fédéral».

Ces résultats ont tout pour conforter la chef péquiste dans ses choix. Pauline Marois propose de récupérer toutes les compétences en matière de culture. Elle veut également mettre en place une déclaration de revenus unique : Québec percevrait seul tous les impôts sur son territoire.

Le Oui crée peu d'enthousiasme

La ferveur souverainiste est peu élevée, indique le sondage d'Angus Reid. Pour 40% des répondants, «le Québec devrait obtenir sa souveraineté après avoir fait une nouvelle offre formelle au Canada pour une alliance économique et politique». Mais une proportion de 41% est contre l'idée.

Quand la firme demande directement si «le Québec devrait être un pays séparé du Canada», le Oui chute à 34%. Le Non atteint 54%.

Le sondage en ligne a été réalisé les 4 et 5 juin, donc avant la sortie de Pauline Marois, auprès d'un échantillonnage représentatif de 805 Québécois, choisis au hasard et inscrits au Forum Angus Reid. La marge d'erreur est de 3,5 points, 19 fois sur 20.

Avec la même technique, les résultats des sondages en ligne de cette firme sont arrivés très près de ceux des dernières élections québécoises et fédérales.

Est-ce en raison de ses artistes comme Natasha St-Pier, Roch Voisine et Wilfred LeBouthillier? De sa forte communauté francophone et de son statut bilingue unique au Canada? De l'histoire du peuple acadien? Quoi qu'il en soit, de toutes les provinces, c'est le Nouveau-Brunswick qui «comprend le mieux la culture et la société du Québec», estiment 42% des Québécois interrogés par Angus Reid. Les autres provinces se trouvent loin derrière. À 9%, l'Ontario arrive au second rang. Suivent la Colombie-Britannique (4%), l'Alberta (3%) et l'Île-du-Prince-Édouard (2%). Trois provinces obtiennent 1% (Terre-Neuve, Manitoba, Nouvelle-Écosse). La Saskatchewan obtient un résultat si peu significatif que la firme l'arrondit à 0%.