Le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, accuse François Legault de colporter un «mantra» néo-libéral en plaidant pour une augmentation de la productivité et la remise en question de «vaches sacrées» au Québec.

Au lendemain de la démission du député péquiste, le syndicaliste a signifié qu'il n'avait pas apprécié son verdict sur le «déclin tranquille de la société québécoise», ainsi que ses propos sur la nécessité d'accroître l'efficacité des écoles et des hôpitaux.

«J'inviterais François Legault à faire le tour de la province comme je l'ai fait, pour voir à quel point il y a un essoufflement, les gens travaillent plus que ce qu'on leur demande. Le monde est en train de mourir au travail et on parle de gains de productivité», a commenté M. Parent vendredi, en marge de l'ouverture du congrès annuel de la CSQ à Québec.

Selon lui, le discours tenu par celui qui était porte-parole de l'opposition officielle en matière d'économie ne ressemble en rien aux positions sociale-démocrates traditionnelles du Parti québécois.

«Bien là, je pense que le Parti libéral est rendu plus sociale-démocrate que le Parti québécois», a-t-il ironisé.

«Je ne sais pas où elles sont les vaches sacrées, mais d'après moi, ça fait un bout de temps qu'on les a tuées. La vraie vache sacrée, c'est qu'il faut arrêter cette vision néo-libérale voulant que l'on paie moins d'impôt et que l'État offre moins de services», a ajouté M. Parent.

Le président de la CSQ estime que François Legault s'est trompé de cible puisque, selon lui, les infirmières et les enseignants tiennent déjà à bout de bras les réseaux de santé et d'éducation.

Il ne croit pas non plus qu'il faille augmenter les tarifs d'hydroélectricité ou les frais de scolarité pour permettre au gouvernement du Québec d'investir davantage dans l'amélioration de la qualité des services.

Alors que le député Legault suggérait récemment au gouvernement Charest de chercher des solutions à l'étranglement des finances publiques dans le rapport Montmarquette, sur la tarification des services, Réjean Parent l'enjoint de se tourner vers la grande entreprise.

Il reproche au gouvernement libéral de consentir des avantages démesurés aux multinationales, notamment à l'égard de l'accès aux richesses naturelles.

«Il y a peut-être des contrats qu'il faut ouvrir. Je n'ai pas de problème à ce qu'on donne 600 millions $ à Rio Tinto Alcan s'il y a une contrepartie et qu'on génère des emplois, mais quand ce n'est plus le cas (...) on leur fait des rabais qui sont rendus scandaleux», a-t-il argué.

Selon M. Parent, Québec s'est aussi privé de précieux revenus en refusant d'augmenter la TVQ lorsque le gouvernement fédéral réduisait la TPS, et en choisissant de baisser les impôts de près d'un milliard de dollars lorsqu'Ottawa lui a transféré ce montant supplémentaire, en 2007.

Pour sa part, le trésorier de la CSN, Pierre Patry, a aussi pris ses distances des propos de François Legault.

«Je n'adhère pas aux positions que M. Legault a émises jeudi, et précédemment, sur les vaches sacrées. On préfère avoir des gens plus progressistes qui vont se retrouver au pouvoir», a-t-il indiqué en entrevue téléphonique, alors que la présidente, Claudette Carbonneau, se trouve à l'extérieur du pays.

Tout comme Réjean Parent, M. Patry soutient qu'on ne peut demander aux employés des réseaux de santé et d'éducation de déployer des efforts supplémentaires.