L'autonomie des États non souverains a vite montré ses limites mardi lors de la visite du premier ministre Jean Charest dans la région allemande de Bavière.

Au terme d'une rencontre en tête-à-tête avec M. Charest, le ministre-président bavarois a confié qu'il lui était impossible de conclure une entente sur la reconnaissance mutuelle des compétences avec le Québec.

«Sur le plan juridique, on ne pouvait pas signer un traité avec le Québec sur la mobilité de la main-d'oeuvre, cela relève de la compétence fédérale», a fait savoir d'emblée Horst Seehofer, par le biais d'une interprète, au terme de l'entretien avec son vis-à-vis québécois.

Le gouvernement Charest a déjà conclu une entente sur la mobilité de la main-d'oeuvre avec la France et fait la promotion de ce modèle de partenariat auprès de ses interlocuteurs depuis son arrivée en Europe la semaine dernière.

La Bavière, avec qui le Québec entretient des relations privilégiées depuis une vingtaine d'années, ne peut joindre sa signature à une entente semblable, a fait comprendre M. Seehofer, en conférence de presse à la chancellerie de l'Etat à Munich.

«Mais lorsqu'il s'agit des questions culturelles ou de collaboration économique, nous sommes tout à fait libres de nous engager», a précisé le ministre-président, qui dirige le gouvernement de coalition bavarois depuis octobre dernier.

Le premier ministre Charest a saisi la balle au bond pour se lancer à la défense du fédéralisme canadien, l'un des plus décentralisés de la planète, a-t-il insisté.

«L'Europe aussi accepte de partager les souverainetés. Nous ne sommes pas les seuls. C'est tellement vrai que le Québec a plus de pouvoirs que certains pays souverains ou supposés souverains», a-t-il évoqué.

Pour M. Charest, la participation du Québec dans la négociation sur l'Accord de partenariat Canada-Europe illustre combien une province peut s'épanouir outre-Atlantique sans aspirer à la souveraineté politique.

A l'étranger, «faire partie du Canada nous avantage», a poursuivi le premier ministre.

«On a tous les avantages. L'avantage de faire partie d'un ensemble plus grand, le Canada, qui est membre de l'ALENA, et en même temps on réussit à se distinguer» en tant que province, a-t-il fait valoir.

Dans des domaines comme l'aéronautique, les biotechnologies et le transport, la relation Québec-Bavière est féconde, a de son côté analysé Thomas Benz, président d'une firme de consultants qui a des bureaux à Montréal.

Mais, à son avis, les échanges pourraient être plus dynamiques si les Allemands connaissaient mieux le Québec, dont le rayonnement international est ténu en dehors de la France.

Le principal défi est de mettre le Québec «sur la carte», a estimé M. Benz, en marge d'une rencontre du premier ministre avec des représentants du patronat allemand.

M. Charest n'a fait que passer en Allemagne mardi et est arrivé en soirée à Paris, où il fera le point mercredi avec son homologue François Fillon sur l'accord Québec-France sur la mobilité de la main-d'oeuvre.