Même si elle admet qu'Hydro-Québec a pris de mauvaises décisions en effectuant des dons à des écoles privées, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, défend son président-directeur général, Thierry Vandal.

Commentant pour la première fois la controverse qu'a provoquée la société d'Etat en versant d'importantes sommes d'argent à des écoles privées qu'a fréquentées M. Vandal, la ministre a affirmé mercredi que le conseil d'administration d'Hydro avait fait de mauvais choix et qu'il en avait tiré une leçon.

Toutefois, Mme Normandeau écarte la possibilité de démettre le pdg de ses fonctions, comme le réclament le Parti québécois et l'Action démocratique du Québec.

«On ne remet pas en question ses compétences comme gestionnaire et pdg d'Hydro-Québec, le gouvernement a toujours confiance en M. Vandal», a indiqué la ministre qui était pressée de questions à son entrée à la réunion du conseil des ministres.

Elle rejette aussi les soupçons de conflit d'intérêts à l'égard de Thierry Vandal, même si les seules écoles privées qui ont reçu des dons importants de la société d'Etat sont celles qu'il a fréquentées, et qu'il préside le conseil d'administration du collège Notre-Dame.

«Il faut faire la part des choses. Lorsqu'il y a conflit d'intérêts, c'est que les gens en tirent un avantage personnel et dans ce cas-ci, ce n'est pas le cas», a-t-elle argué.

Hydro-Québec a annoncé mardi qu'elle ne versera plus d'argent à des écoles privées, après que les collèges Notre-Dame et Jean-de-Brébeuf aient renoncé à des dons respectifs de 250 000 $ et de 200 000 $ sur cinq ans, en raison des vives critiques qu'ils avaient suscitées.

En vacances à l'extérieur la semaine dernière lorsque la controverse a éclaté, la ministre Normandeau avait publié un court communiqué de presse pour exiger qu'Hydro-Québec révise sa politique de dons et commandites et contribue dans les services publics en priorité.

Elle a ajouté mercredi qu'elle avait eu une «bonne et franche discussion» avec Thierry Vandal.

«Personnellement, je n'ai pas trouvé que c'était une bonne idée de verser des sommes aussi importantes à des écoles privées. Le fait d'accepter ma demande de réviser leur politique, je pense qu'il y a là un aveu de la part d'Hydro-Québec quant aux mauvais choix qui ont été faits.»

Par ailleurs, si certains observateurs jugent qu'Hydro-Québec outrepasse largement sa mission en investissant dans les écoles et les établissements de santé, la ministre n'a pas l'intention de lui demander de cesser de le faire.

«Je pense que c'est une responsabilité importante qu'ils ont, mais qu'ils doivent assumer correctement», a-t-elle déclaré, en précisant que Loto-Québec dispose aussi d'un important programme à cet effet.

En 2008, les dons et commandites d'Hydro ont atteint 25,9 millions $, alors que les commandites de Loto-Québec ont totalisé 15,6 millions $.

En fin de journée, le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie, Sylvain Gaudreault, s'est montré insatisfait des réponses de la ministre.

Selon lui, le gouvernement doit exiger d'Hydro-Québec que toute la lumière soit faite sur les contributions controversées de la société d'Etat.

«J'ai beaucoup de mal à comprendre que la ministre excuse Thierry Vandal, alors que c'est clair qu'une erreur de jugement a été commise. Ce n'est pas que moi qui le dit, mais plusieurs spécialistes en éthique», a affirmé le député péquiste de Jonquière.

Il a de nouveau réclamé la démission de M. Vandal.