La chef du Parti québécois, Pauline Marois, presse Jean Charest et le ministre Sam Hamad de s'excuser pour avoir accusé les organisateurs du Moulin à paroles de faire l'apologie de la violence et de banaliser les actes terroristes du FLQ. Pas question, répond le premier ministre.

Selon Pauline Marois, la lecture du manifeste du FLQ ne signifie pas que les organisateurs et les participants de cet événement approuvent son contenu ou le recours à la violence. Elle croit toutefois que ce document est important dans l'histoire du Québec, ce qui justifie qu'il soit lu comme d'autres textes ce week-end sur les plaines d'Abraham.«Je ne suis pas d'accord avec quelque mouvement de violence que ce soit. Mais on ne peut pas empêcher des gens de vouloir lire un document qui a eu un impact considérable au moment où il a été prononcé», a affirmé Mme Marois en conférence de presse, hier, à l'issue d'un caucus conjoint du PQ et du Bloc québécois.

La chef péquiste accuse MM. Charest et Hamad d'avoir «politisé» le débat avec leurs sorties. Pauline Marois juge «inacceptable» que le premier ministre ait refusé de prendre part à l'événement.

«Je trouve dommage que M. Charest se soit servi de son budget discrétionnaire pour contribuer à hauteur de 10 000$ en 2004-2005 au Conseil pour l'unité canadienne, mais qu'il ne participe pas au Moulin à paroles qui est un moment historique, un rappel de ce que nous sommes. Ce n'est pas acceptable l'attitude du gouvernement Charest à l'égard de cet événement.»

La chef péquiste a versé 500$ au Moulin à paroles. La majorité des députés ont donné 300$ chacun.

Pauline Marois a condamné la décision du gouvernement de rejeter la demande de subvention de 20 000$ du Moulin à paroles. Le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, est allé plus loin en affirmant que le gouvernement Charest pratique «une forme de censure» en refusant de financer l'événement.

«C'est de la démagogie de prétendre que c'est de la censure, a répliqué Jean Charest. On n'empêche personne de prendre la parole. Ce qu'on dit, c'est qu'on ne veut pas être associé à un événement comme celui-là. On a bien le droit. Et comme gouvernement, on a le droit de dire que ce n'est pas un événement auquel on veut être associé.»

La Commission des champs de batailles nationaux a finalisé l'entente avec les organisateurs du Moulin à paroles pour la tenue de l'événement ce week-end, mais l'organisme tient à se dissocier du contenu des textes qui seront lus par quelque 130 artistes et personnalités publiques sur le parc des plaines d'Abraham.

La CCBN «n'est d'aucune façon associée au choix des participants ni aux lectures et discours qui seront faits au cours de cet événement», a fait valoir l'organisme fédéral par voie de communiqué. «Les gens qui font un événement sur les Plaines sont responsables de ce qu'ils disent et de ce qu'ils font», a indiqué à La Presse André Juneau, président de la CCBN.