Galvanisés par une foule nombreuse et pacifique, les promoteurs du Moulin à paroles criaient victoire dimanche à l'issue du marathon de lecture de 24 heures tenu sur les plaines d'Abraham à Québec.

L'activité commémorative s'est déroulée sans anicroche malgré toute la controverse suscitée par la lecture du manifeste du Front de libération du Québec (FLQ), écrit en octobre 1970 par les auteurs de l'enlèvement de l'attaché britannique James Richard Cross.

Loin de jeter de l'ombre sur l'événement, le boycott du gouvernement Charest et la sortie intempestive du ministre Sam Hamad ont sans doute, selon les organisateurs, contribué au succès populaire du Moulin à paroles.

«On se disait à la blague: cette histoire est un plan de communication d'un million de dollars. Je pense aussi que les gens ont trouvé extraordinaire que l'on se tienne debout et qu'on ne recule pas pour une affaire absurde», a commenté Sébastien Ricard, de la formation Loco Locass, l'un des promoteurs du Moulin à paroles.<

Ministre responsable de la Capitale Nationale, M. Hamad s'était insurgé au nom du gouvernement contre la lecture du manifeste du FLQ, un document portant la marque du terrorisme.

Malgré cela, le manifeste a été lu à deux reprises, samedi et dimanche, par le chanteur et animateur Luck Mervil.

«On peut être en désaccord total avec ce que ce document a entraîné mais il y a des choses dans ce texte qui restent très vraies. Ces gens-là disaient: nous sommes des travailleurs et nous en avons assez de nous faire manger la laine sur le dos. C'est un discours toujours vivant aujourd'hui», a dit Luck Mervil après sa prestation.

Pour éviter tout élan d'enthousiasme déplacé et assurer un équilibre, la lettre désespérée du ministre Pierre Laporte à Robert Bourassa, peu avant son exécution par les felquistes, a été lu tout juste après le manifeste.