La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, accuse le Parti québécois d'avoir exposé la population à de graves coupures de services publics en s'opposant à la loi 40.

Dans une rare charge contre le PQ, Mme Carbonneau lui a reproché mardi d'avoir cherché à contrecarrer la législation, adoptée sous bâillon, permettant au gouvernement du Québec d'enregistrer des déficits de 11,6 milliards $ d'ici 2013-2014 afin de faire face à la crise économique.

En marge du discours d'ouverture du conseil confédéral de la centrale syndicale à Québec, la présidente a dénoncé l'obsession de l'équilibre budgétaire affichée tant par le PQ que l'Action démocratique du Québec.

«A les entendre, la plus grande oeuvre de la société québécoise, c'était la Loi sur le déficit zéro, et s'il y avait un acquis à préserver c'est celui là, plus que tous les services et tous les autres choix de société à travers l'histoire.

Disons qu'il faut avoir l'esprit ratatiné pour voir les choses de cette façon-là», a lancé Mme Carbonneau.

Reprenant le discours du ministre des Finances, Raymond Bachand, elle a signalé que, sans la loi 40, le gouvernement du Québec aurait eu l'obligation de sabrer dans les services publics et les programmes sociaux afin de respecter la loi sur l'équilibre budgétaire.

«Je n'apprécie pas le bâillon, mais ça me convainc que l'opposition doit être ailleurs parce que, s'il fallait s'en remettre à ce genre d'opposition-là pour défendre les intérêts du Québec, on serait dans le gros trouble», a-t-elle ajouté.

Selon elle, l'amorce du débat sur les finances publiques à l'Assemblée nationale n'avait rien de rassurant la semaine dernière.

Elle estime que les deux partis d'opposition cachaient mal qu'ils faisaient du retour au déficit zéro «une véritable religion, qu'elles qu'en soient les conséquences».

Puis, même si elle souligne que la position des libéraux était «plus avantageuse», Claudette Carbonneau reproche au gouvernement Charest de prévoir pour les prochaines années un taux de croissance des dépenses insuffisant, qui laisse présager «un retour aux compressions de la fin des années 1990».

Dans son discours, elle a affirmé que le Québec ne s'est toujours pas remis des départs à la retraite massifs de médecins et d'infirmières, ajoutant «que sabrer à nouveau dans la colonne des dépenses serait tout à fait catastrophique».

La syndicaliste a aussi prévenu le gouvernement qu'il ne pouvait se contenter de hausser strictement la tarification des services sans revoir l'ensemble du régime fiscal.

Par ailleurs, à l'approche des négociations entourant le renouvellement du contrat de travail des employés du secteur public, la présidente de la CSN soutient que les syndiqués doivent recevoir des augmentations de salaire malgré le contexte de crise budgétaire.

«Les travailleurs du secteur public ne pourront porter, à eux-seuls, le poids du retour à l'équilibre budgétaire, ce serait odieux» a-t-elle déclaré.

Alors que les conventions collectives des employés du secteur public viennent à échéance le 31 mars prochain, le front commun présentera ses demandes au gouvernement le 30 octobre.