Après s'être répandus sur la place publique avec leurs luttes fratricides, au cours des derniers jours, les aspirants à la direction de l'Action démocratique du Québec ont retrouvé leur contenance pour s'affronter lors d'un débat, mercredi.

Dans leur déclaration d'ouverture, Eric Caire et Christian Lévesque ont abordé les effets négatifs des échanges vigoureux qui ont défrayé les manchettes récemment.

M. Caire, qui a été la cible d'attaques en raison d'inexactitudes dans son curriculum vitae, a affirmé que ces passes d'armes, qui l'ont opposé à Gilles Taillon, ont pu déplaire.

«Ce soir on va débattre de nos idées parce que ce parti-là, l'ADQ, c'est notre parti, a-t-il dit. Et ce qui est fondamental pour nous, c'est qu'il survive.»

M. Lévesque, qui a été témoin des affrontements entre ses deux adversaires, a de son côté déclaré qu'il avait trouvé douloureux de voir que l'ADQ était comparée à un cirque.

«Les deux dernières semaines ont vraiment été dures, a-t-il dit. Quand on voyait les grands titres: «La fin de l'ADQ», «L'ADQ un cirque», «La chicane à l'ADQ». Ca fait mal. C'est vraiment difficile.»

Le modérateur du débat, Paul M Juller, a pour sa part tenté de minimiser l'effet négatif des récentes rixes, affirmant que si les échanges ont été vifs, la situation a déjà été pire dans d'autres partis.

«Pour cette course-ci, ç'a été pareil comme dans bien d'autres, a-t-il dit. Vous vous rappelerez que durant la dernière course à la direction du Parti québécois, en 2005, le chef démissionnaire, Bernard Landry, s'était senti obligé de demander à l'ensemble des candidats de cesser les attaques personnelles. Alors ce n'est pas arrivé dans ce cas-ci.»

Ce deuxième débat, devant une centaine de militants réunis dans un hôtel, a permis aux candidats de présenter leurs positions sur les thèmes de la santé, de la famille et des aînés, ainsi que sur l'organisation de leur parti politique.

Les trois hommes se sont livrés à des échanges ordonnés, M. Caire prenant notamment soin de préciser qu'il exprimait un désaccord avant de développer des arguments contraires à ceux de ses adversaires.

En répondant à M. Lévesque, qui propose de faire une plus grande place à l'assurance privée pour les soins de santé, M. Taillon l'a mis en garde contre les hausses de coûts que cela pourrait provoquer, en illustrant son propos par la situation américaine.

«Le président Obama tente au maximum de sortir le financement privé du système de santé, parce que le coût du système de santé est très élevé et en plus sa performance est bien inférieure à notre système au Québec», a-t-il dit.

Une autre proposition de M. Lévesque, un crédit d'impôt que les familles multigénérationnelles pourraient utiliser pour réduire leur hypothèque, a été assimilée par M. Caire à la cause de l'effondrement du marché du crédit immobilier aux Etats-Unis.

«Les gens se sont ramassés à acheter des maisons qu'ils n'avaient pas les moyens de se payer, la crise est là, c'est une mauvaise mesure», a-t-il dit.

Sur l'organisation de leur parti, les trois aspirants à la succession de Mario Dumont ont constaté que l'ADQ souffrait de problèmes, notamment pour l'envoi de cartes de membres et pour donner suite aux offres de militants qui veulent s'impliquer.

«Il faut qu'on se donne une machine qui nous permettra de faire les batailles qu'on a à faire. Et on en a à faire des batailles», a dit M. Caire.

M. Taillon, ancien président du Conseil du patronat, a insisté sur l'importance d'aller chercher des dons du milieu des affaires.

«Il y a une vieille règle en finances : tu prends l'argent là où il se trouve, a-t-il dit. Et il se trouve chez ceux qui sont en affaires.»

M. Lévesque qui, à l'instar de M. Taillon, a été défait aux dernières élections, a insisté sur l'importance que l'aile parlementaire adéquiste soit plus en lien avec le terrain. Il s'est d'ailleurs proposé de prendre le parti sur ses épaules.

«La prochaine année doit se faire sur le terrain, à redonner la ferveur aux adéquistes, a-t-il dit. Et nous assurer que le Parlement est vraiment en lien avec ce qui se passe sur le terrain. Il y a une certaine cloche de verre autour du Parlement.»

M. Caire, le seul député parmi les aspirants, a pour sa part mis en garde M. Lévesque contre le risque de faire de l'ADQ le parti d'un seul homme, ce qui a souvent été reproché à M. Dumont.

«L'ADQ, le parti, appartient à ses membres», a-t-il dit.

M. Caire a aussi fait l'éloge du financement populaire face à celui du milieu des affaires, affirmant que cette façon de faire était à l'origine de la force des conservateurs fédéraux.

«Je préfère 300 dons de 10 $ que un de 3000 $, a-t-il dit. Parce que je n'ai pas les mains attachées.»

Les militants adéquistes éliront leur prochain chef le 18 octobre prochain, lors d'un scrutin téléphonique.