Après s'être entredéchirés sur la place publique la semaine dernière, Gilles Taillon et Éric Caire ont baissé le ton lors du deuxième débat des candidats à la direction de l'ADQ à Bécancour, hier. Leurs échanges, tout de même vifs à l'occasion, ont fait ressortir un clivage idéologique entre les deux hommes.

Les trois candidats à la succession de Mario Dumont sont revenus sur la tournure belliqueuse qu'a prise la campagne la semaine dernière. «Si l'expérience est la somme de nos erreurs, je suis plus expérimenté que jamais, a lancé Éric Caire dans son discours d'ouverture. Ce soir, on va débattre de nos idées.»

L'ex-député de Lévis, Christian Lévesque, qui était resté à l'écart de la querelle entre MM. Caire et Taillon, a insisté sur l'impact négatif causé par les attaques personnelles de ses adversaires. «Les deux dernières semaines ont vraiment été difficiles. Ça a fait mal», a-t-il affirmé, soulignant les manchettes sur «la mort du parti», «les chicanes», «le cirque à l'ADQ».

La semaine dernière, Gilles Taillon a accusé Éric Caire d'avoir «falsifié» son CV. Le député de La Peltrie a quant à lui laissé entendre que son adversaire tente d'utiliser son état de santé - la récidive d'un cancer de la prostate - pour recueillir davantage d'appuis.

Hier, Éric Caire et Gilles Taillon ont croisé le fer à quelques reprises, mais ils ont gardé un ton posé. «Une mesure m'embête dans ton programme, celle d'abolir les agences régionales de la santé, a lancé M. Caire à son adversaire. Ça créerait une désorganisation de la médecine générale en région.»

«Les établissements et les médecins veulent plus de pouvoir. On n'a pas besoin d'intermédiaire. On a 97 gros centres hospitaliers au Québec. Ils sont capables de s'organiser», a répliqué M. Taillon.

L'ancien numéro 2 du parti a à son tour décoché une flèche vers le député de La Peltrie, qui venait d'affirmer que des investissements importants seront toujours nécessaires dans le réseau de la santé. «Avant de presser le citron, de mettre davantage de pression sur le portefeuille de la classe moyenne, il faut revoir l'organisation du travail», a-t-il dit.

Christian Lévesque et Éric Caire ont plaidé en faveur d'une ouverture beaucoup plus grande à l'assurance privée. «Faisons attention», a rétorqué un Gilles Taillon, modéré, soulignant que le modèle américain coûte cher et reste peu performant.

Sur le thème de la famille, les trois candidats sont à peu de chose près sur la même longueur d'onde. Cependant, Christian Lévesque s'est attiré les foudres d'Éric Caire après avoir proposé de rendre les paiements hypothécaires déductibles des revenus aux fins de l'impôt. «C'est une mauvaise mesure qui est à l'origine de la crise immobilière aux États-Unis», a-t-il dit.

Les trois candidats s'entendent tous pour dire qu'une réorganisation majeure de l'ADQ s'impose. Gilles Taillon a manifesté sa volonté de solliciter davantage les gens d'affaires. «Je préfère 300 dons de 10$ qu'un seul de 3000$», a répliqué Éric Caire. «Je veux les deux», a répondu Gilles Taillon du tac au tac. «Oui, mais le deuxième est plus compromettant», a dit M. Caire.