L'Action démocratique du Québec est condamnée, estime désormais une majorité de Québécois. Avec les querelles de la course à la direction, l'avenir du parti de Mario Dumont paraît bien plus incertain qu'au printemps.

C'est ce qui se dégage du sondage réalisé pour La Presse par la maison CROP, auprès de 1000 personnes. L'enquête tenue du 17 au 27 septembre derniers est précise à trois points près.

 

CROP a demandé aux répondants s'ils croyaient que «l'ADQ allait survivre au départ de Mario Dumont». Désormais, 51% des gens pensent qu'il n'y a pas d'avenir pour le tiers parti - ils étaient 40% à être de cet avis en mai dernier. Au printemps, avant que la course à la succession de l'ADQ ne dégénère entre Gilles Taillon et Éric Caire, 48% des gens pensaient que l'ADQ était là pour rester, on ne compte plus qu'une personne sur trois, 33%, encore de cet avis aujourd'hui.

L'ADQ n'a jamais eu la cote à Montréal, il n'est donc pas surprenant que 55% des répondants de la métropole croient que l'ADQ a vécu. Plus inquiétant pour les adéquistes: dans leur château fort de Québec, 57% des gens estiment que le tiers parti est en sursis. Aussi, 39% de ceux qui votent pour l'ADQ estiment que leur parti est condamné!

Charest bien en selle

Le coup de sonde montre aussi que, s'ils étaient passés aux urnes cette semaine, la plupart des électeurs auraient répété leur choix du 8 décembre dernier. Le PLQ aurait récolté 43% des suffrages, contre 35% au PQ, les mêmes résultats qu'il y a 10 mois. L'ADQ aurait plongé à 7% des suffrages, moins de la moitié des 16% récoltés aux dernières élections. Pour Québec solidaire et le Parti vert, les scores de 6 et 8% d'intentions de vote sont beaucoup plus élevés que les 4 et 2% des suffrages du 8 décembre.

Depuis août, le sondage de septembre indique que les libéraux ont descendu d'un point, que le PQ a monté de deux, des mouvements en deçà de la marge d'erreur de 3 points et qui, par conséquent, ne peuvent être considérés comme significatifs.

«C'est comme s'il ne s'était rien passé depuis les dernières élections», observe Maïalène Wilkins, analyste de CROP. Les déboires de la Caisse de dépôt, la controverse autour des FIER (Fonds d'intervention économique régional), le départ de Monique Jérôme-Forget, les problèmes d'Yves Bolduc avec les tests de dépistage du cancer du sein et, récemment, la controverse autour de l'éthique et la démission du ministre David Whissell: rien n'a laissé de traces, «comme si le gouvernement était en téflon», observe-t-elle.

À la suite du départ du ministre Whissell, les deux tiers des Québécois (66%) estiment que les règles d'éthique visant les élus «devraient être plus contraignantes».

Peut-être le débat autour des hausses de tarifs changera-t-il les choses, mais il est survenu trop tard au cours de l'enquête pour en mesurer l'impact.

Sur la satisfaction, le gouvernement est en baisse de deux points, mais reste à un niveau bien confortable - 49% des répondants sont contents de ce qui se passe à Québec.

Seul bémol pour le gouvernement, Jean Charest encaisse une baisse de sa cote personnelle. Désormais, 43% des gens estiment qu'il est le meilleur premier ministre - c'était 48% en août. Mais, observe Mme Wilkins, le résultat du mois dernier sortait du rang: le score de septembre est dans le droit fil du constat de juin dernier.

Durant cette période où le Moulin à paroles et le décès de Pierre Falardeau auraient pu favoriser le nationalisme, la souveraineté n'a pas marqué de points. À la question sur la souveraineté, 37% des répondants auraient voté oui. Si on revenait avec la formule de la «souveraineté partenariat» comme au référendum de 1994, le camp du Oui récolterait 42% des suffrages.