Le député de La Peltrie, Éric Caire, réfléchit à son avenir politique depuis que Gilles Taillon lui a refusé le poste de chef parlementaire de l'ADQ. Un schisme pourrait même éclater au sein du parti, signale l'entourage de M. Caire.

Gilles Taillon a provoqué un tremblement de terre, hier, en rejetant la demande d'Éric Caire de devenir chef parlementaire. Il a plutôt nommé à ce poste stratégique le député de Shefford, François Bonnardel, qui a coprésidé sa campagne à la direction.

M. Bonnardel, qui mènera désormais la charge contre les libéraux en Chambre, est l'ami de coeur de la vice-première ministre Nathalie Normandeau. Gilles Taillon n'y voit aucun problème.

Le chef adéquiste a annoncé sa décision à Éric Caire hier matin. Ce dernier n'a pas participé à la période des questions en matinée, ni assisté au caucus de son parti. Il n'a pas rappelé La Presse. Il s'est toutefois confié à des proches.

«M. Caire m'a dit qu'il était officiellement en réflexion», a affirmé à La Presse l'ex-député de Chambly Richard Merlini, qui a coprésidé sa campagne à la direction.

«Il m'a dit que tout est sur la table. Sa réflexion inclut toutes les possibilités. Il est député jusqu'aux prochaines élections. Est-ce qu'il veut continuer à l'ADQ? Siéger comme indépendant? Est-ce qu'autre chose pourrait l'intéresser? Est-ce une réflexion sur la création d'un autre parti?» a-t-il ajouté.

Des proches de d'Éric Caire et de Christian Lévesque - autre candidat dans la course à la direction - envisagent de quitter l'ADQ pour créer une nouvelle formation politique de centre-droite.

Plusieurs anciens députés sont dans le coup, de même que des «gens de l'extérieur», a noté M. Merlini, qui reproche au nouveau patron de vouloir «recentrer le parti». Les discussions, amorcées peu de temps après le congrès à la direction du 18 octobre, sont au stade embryonnaire. «On s'était dit qu'on allait donner la chance au coureur et voir les premiers gestes de M. Taillon. Mais des gestes d'unité, il n'en a pas fait.»

Selon lui, Gilles Taillon «ne respecte pas le résultat qu'il a obtenu. Il agit comme s'il avait gagné avec une majorité écrasante. Compte tenu du résultat, c'est clair qu'il devait faire des gestes d'unité très forts. Et M. Caire avait très légitimement demandé d'être le numéro deux, chef parlementaire. Alors, on est très déçus de la décision de M. Taillon».

Rappelons que Gilles Taillon a remporté la course à la direction par une seule voix, si l'on soustrait le vote en sa faveur enregistré par l'Infoman Jean-René Dufort sous le nom d'Omar Bongo, défunt président autoritaire du Gabon.

Selon Gilles Taillon, Éric Caire a demandé une «cogestion» de l'ADQ, une «direction bicéphale comme Québec solidaire», ce qui était «inacceptable». «J'ai été élu chef. Je suis le seul à avoir eu 50% plus un», a-t-il insisté. Selon lui, «il n'y a pas de guerre» avec M. Caire. «Pour moi, le dossier est réglé. M. Caire est toujours adéquiste. Je pense qu'il va rester chez nous.»

«Les militants, s'ils ont à coeur l'ADQ, comme moi, doivent assurément respecter le vote populaire démocratique», a répondu M. Taillon au sujet des déchirements que pourrait provoquer sa décision.

Éric Caire a refusé les autres responsabilités que lui a offertes M. Taillon, c'est-à-dire le poste de leader parlementaire et celui de critique en matière d'économie. Il a préféré conserver ses fonctions de critique en matière de santé et d'affaires intergouvernementales.

Sylvie Roy, qui avait déjà demandé de ne plus être chef parlementaire, devient leader parlementaire. La députée, qui se dit victime d'intimidation des libéraux, apprend maintenant qu'elle n'était pas le premier choix de son chef à ce poste.