La tentative du gouvernement Charest de museler la députée adéquiste Sylvie Roy a échoué.

Le président de l'Assemblée nationale, Yvon Vallières, a rejeté, jeudi, les prétentions du gouvernement, qui cherchait à voir l'institution sanctionner Mme Roy, accusée d'avoir abusé de son immunité parlementaire et de sa liberté de parole comme députée.

Le leader du gouvernement, Jacques Dupuis, et son adjoint, Claude Béchard, avaient été piqués au vif par des propos en Chambre de Mme Roy, qui avait insinué que trois ministres avaient séjourné sur le luxueux yacht de l'entrepreneur qui est au coeur d'allégations dans l'industrie de la construction, Tony Accurso.

Si M. Vallières avait jugé recevable la requête du gouvernement, déposée mardi, Sylvie Roy s'exposait à diverses sanctions pouvant aller jusqu'à l'expulsion du parlement.

Mais il a plutôt estimé qu'il n'y avait aucun fondement dans la sortie gouvernementale.

Car rien dans la conduite de la députée adéquiste ne permet de croire qu'elle a «pu constituer un outrage au parlement», a conclu M. Vallières, qui avait pris la requête en délibéré pour l'analyser.

À ses yeux, donc, contrairement à ce que le gouvernement alléguait, rien ne permet de conclure que les propos tenus par l'ex-chef par intérim de l'Action démocratique, le jeudi 22 octobre, auraient eu pour effet de mettre en cause la conduite de collègues de l'Assemblée nationale, un «outrage» explicitement interdit par règlement.

Après avoir eu gain de cause, la députée de Lotbinière s'est levée et a réclamé des excuses de la part du leader du gouvernement, un geste qui a aussitôt provoqué l'hilarité dans les banquettes libérales.

Les trois ministres visés - Julie Boulet, des Transports, Norman MacMillan, délégué aux Transports, et l'ancien titulaire du Travail, David Whissell - ont tous nié avoir séjourné sur le yacht de M. Accurso.

Le gouvernement prétendait que par ses insinuations Mme Roy avait sali la réputation d'élus sans l'ombre d'une preuve et devait donc être sanctionnée.

De leur côté, les oppositions péquiste et adéquiste ont assimilé le geste du gouvernement à une manoeuvre de diversion, destinée à éviter de convoquer une commission d'enquête publique chargée de faire toute la lumière sur les allégations de corruption reliées à l'industrie de la construction.