Au nom de la bonne entente à tout prix avec le Canada, le premier ministre Jean Charest a abandonné à leur sort les agriculteurs québécois, a soutenu vendredi l'opposition péquiste.

La signature récente du chapitre agricole de l'Accord sur le commerce intérieur (ACI) était une commande politique du premier ministre, a affirmé en point de presse la porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture, Marie Bouillé.

«Ce qui motive ça, c'est le modèle qui préconise le libre commerce et aussi l'unité canadienne, donc c'est ce qui était recherché, un consensus avant tout entre premiers ministres du Canada», a-t-elle affirmé.

Répondant à une «une commande du premier ministre Jean Charest», le ministre de l'Agriculture, Claude Béchard, a tourné le dos aux producteurs d'ici pour joindre les rangs des provinces, a renchéri le porte-parole du PQ en matière intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier.

Entériné à la mi-octobre, le chapitre agricole de l'Accord sur le commerce intérieur permettra la libre circulation des produits agroalimentaires au pays.

L'Union des producteurs agricoles (UPA) est montée aux barricades contre cette entente qu'elle juge mal ficelée et qui va assurément, selon elle, entraîner un nivellement par le bas des normes de qualité agroalimentaire.

Le puissant lobby agricole redoute par dessus tout une pluie de contestations de la part des autres provinces contre toute réglementation perçue comme une entrave au commerce.

Les normes québécoises d'étiquetage ou celles de composition des aliments pourraient ainsi être mises en péril, d'après l'UPA.

Au cours d'un débat à l'Assemblée nationale, la députée Bouillé a reproché au gouvernement Charest de faire la sourde oreille aux craintes exprimées par le syndicat agricole.

«Quand on leur dit qu'il y aura abaissement des mesures qui sont très élevées au Québec au niveau de l'étiquetage et de la composition des produits que l'on mange, quand on leur dit que le niveau va baisser, c'est sûr que c'est inquiétant. On n'en veut pas des produits bas de gamme de certaines multinationales au détriment de nos produits de qualité, locaux, qu'on a au Québec», a-t-elle lancé.

Mais les arguments soulevés par l'opposition péquiste ont laissé de glace le ministre Béchard.

«On a entendu beaucoup d'affirmations qui visent à déformer la réalité, et je dirais même, à effrayer les producteurs agricoles et les consommateurs», a-t-il fait valoir.

Selon le ministre québécois de l'Agriculture, le Québec est amplement outillé pour faire face à d'éventuelles contestations.

Qui plus est, l'accord a permis de dégager un consensus «historique» en faveur de la protection de la gestion de l'offre, a-t-il poursuivi.

Ce mécanisme auquel tiennent mordicus les agriculteurs québécois sera défendu d'une seule voix par le Canada lors des négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a assuré M. Béchard.

«C'est une première dans l'histoire des politiques agricoles et agroalimentaires à l'échelle canadienne, c'est un gain substantiel (...) Jamais le Québec n'avait obtenu un engagement aussi unanime sur la gestion de l'offre et la mise en marché collective. C'est pour cette raison que nous avons signé l'accord», a-t-il insisté.