Le député de Chauveau, Gérard Deltell, se montre très intéressé à succéder à Gilles Taillon à la tête de l'ADQ même s'il reconnaît que le parti est dans une situation «difficile» et «périlleuse».

«Il y a un an, quand j'ai décidé de m'engager en politique, je suis devenu candidat pour l'ADQ dans la circonscription de Chauveau. Je succédais à Gilles Taillon. Un an plus tard, c'est possible que ce soit la même chose», a-t-il lancé lors d'un point de presse.Officiellement, l'ex-reporter se dit «en réflexion». Il compte annoncer sa décision bientôt. «C'est clair que je ne tarderai pas», a-t-il affirmé.

Interrogé pour savoir si le leadership représentait à ses yeux un «beau défi», M. Deltell s'est lancé dans une envolée sur l'engagement politique et la l'importance de l'ADQ dans le paysage québécois qui laisse planer bien peu de doute sur ses intentions.

Le député s'est montré en faveur d'un couronnement. Et son couronnement fait d'ailleurs consensus au sein de l'ADQ. Il a déjà reçu la bénédiction des fondateurs de l'ADQ, Mario Dumont et Jean Allaire, de même que de plusieurs ténors, comme l'a révélé La Presse ce matin. Les trois collègues députés adéquistes - Janvier Grondin, Sylvie Roy et même François Bonnardel, qui a coprésidé la campagne de M. Taillon, sont prêts à se rallier. Gérard Deltell s'est dit «sensible» à tous ces appuis.

Le député a tendu la main à ses ex-collègues, Éric Caire et Marc Picard, dans l'espoir qu'ils rentrent au bercail. Or M. Caire a affirmé à La Presse hier qu'il ne reviendra pas à l'ADQ même si M. Deltell prend la tête du parti. «Avec tout le respect que j'ai pour lui, je ne pense pas que Gérard va réussir à relever le parti», a-t-il laissé tomber.

Gérard Deltell s'est dit «surpris» par la sortie de Gilles Taillon qui, en annonçant sa démission, a lancé toute une bombe. Il envisage d'appeler la Sûreté du Québec au sujet de «certains aspects un peu troublants dans le financement de l'ADQ depuis 2003». M. Taillon n'a donné aucune précision à M. Deltell et aux autres députés au sujet de ces possibles irrégularités. Est-ce de la vengeance de la part de M. Taillon? «Je ne suis pas prêt à dire ça. Je ne peux pas aller jusqu'au point de juger son comportement», a-t-il répondu, soulignant toutefois qu'il a «vu toutes les analyses qui ont été faites par rapport à cette attitude de M. Taillon».

Gilles Taillon a l'intention de demeurer chef jusqu'à ce qu'un nouveau chef soit élu «au suffrage universel des membres», affichant ainsi sa préférence pour une course à la direction. Or ce scénario est rejeté par bien des adéquistes. Une réunion de l'exécutif du parti se tiendra bientôt.

Le printemps dernier, Gérard Deltell avait dit subir d'«intenses pressions» pour se lancer dans la course à la direction, mais il avait finalement renoncé. Aujourd'hui, le contexte a bien changé, a-t-il noté.