La meilleure façon d'empêcher la corruption serait d'instaurer un mode de scrutin proportionnel, a déclaré mercredi le député de Québec solidaire Amir Khadir.

M. Khadir a affirmé que ce mode de représentation permettrait de changer plus rapidement la composition de l'Assemblée nationale, réduisant de ce fait les possibilités qu'un système de trafic d'influence se mette en place.

Dans la foulée des allégations de malversations du secteur de la construction, notamment dans la politique municipale, le ministre de la Réforme des institutions démocratiques, Claude Béchard, a récemment affirmé qu'il soumettrait, d'ici la fin de la session, un projet de loi modifiant les règles de financement des partis politiques ainsi que la carte électorale.

Selon M. Khadir, M. Béchard devrait aussi s'attaquer au mode de scrutin.

«C'est plus que jamais pertinent dans le contexte où le Québec traverse une très difficile période de remise en question de toute la classe politique, à travers tout ce qu'on entend comme allégations, comme révélations sur la corruption rampante à tous les échelons de l'administration, y compris au niveau du gouvernement», a-t-il dit lors d'un point de presse précédant un débat sur cette question.

Actuellement, les députés provinciaux et fédéraux sont élus au terme d'un scrutin uninominal à un tour, qui permet au candidat ayant reçu le plus de votes de remporter un siège au Parlement.

Dans les systèmes proportionnels, les partis politiques obtiennent une représentation équivalente au pourcentage de suffrages qu'ils ont reçus.

M. Khadir a estimé que le système uninominal favorisait l'instauration d'une alternance entre deux seuls partis, empêchant le renouvellement de la classe politique.

«Pour les corrupteurs, c'est beaucoup plus facile d'identifier les pommes pourries au sein de ces appareils qui se maintiennent au pouvoir ou proche du pouvoir, avec les conséquences très graves que l'on sait aujourd'hui», a-t-il dit.

M. Khadir croit que le projet de loi de M. Béchard devrait proposer la mise en place d'un scrutin proportionnel mixte qui assurerait un meilleur pluralisme à l'Assemblée nationale.

Lors d'un débat sur le sujet, M. Béchard n'a pas exclu la possibilité d'améliorer la représentativité, mais il a rejeté la proposition du député en affirmant qu'il reste encore beaucoup de chemin à faire avant d'instaurer un mode de scrutin proportionnel.

«On croit que le débat n'est pas à ce point terminé sur la réforme du mode de scrutin pour dire qu'on peut entrer ça dans la loi électorale dans deux semaines, dans trois semaines, et que ce soit modifié dans six mois», a-t-il dit.

M. Béchard a répété qu'il souhaite déposer son projet de loi d'ici la fin de la session pour qu'il soit ensuite étudié à partir de février ou mars et adopté avant la relâche estivale.

De son côté, le Parti québécois a jugé inopportun d'ajouter cet élément au projet de loi du gouvernement, d'autant que pour le leader péquiste Stéphane Bédard, il n'existe aucun lien entre le mode de scrutin et la corruption.

«Je ne dis pas que les systèmes proportionnels sont plus corrompus, loin de moi cette idée, mais je peux vous assurer une chose, c'est qu'ils ne le sont pas moins, a-t-il dit. La corruption, elle naît de l'humain malheureusement, de l'action inappropriée de gens qui utilisent le pouvoir, qui détournent l'utilisation du pouvoir.»