Sommé par les jeunes adéquistes de quitter la direction du parti dès maintenant, Gilles Taillon a renoncé à se rendre au parlement mardi pour rencontrer ses quatre députés.

Il a fait part de sa décision lundi au chef parlementaire et député de Shefford, François Bonnardel, qui a coprésidé sa campagne à la direction.

Dans un entretien accordé à La Presse la semaine dernière, Gilles Taillon avait manifesté son intention de se rendre à Québec pour «donner un coup de main» et rencontrer le caucus «afin d'aligner les actions touchant le rôle de deuxième opposition». Il voulait s'entretenir avec les quatre députés, y compris son probable successeur, Gérard Deltell, qu'il a accusé d'avoir «sapé» son leadership. Cette nouvelle avait causé la surprise dans l'équipe parlementaire.

Gilles Taillon a fait cette volte-face après que la commission jeunesse de l'ADQ eut décidé de réclamer son départ immédiat. Les jeunes adéquistes s'opposent à sa décision de rester en poste jusqu'à l'élection de son successeur, un processus qui prendrait plusieurs mois.

«Dans l'intérêt supérieur du parti, Gilles Taillon devrait officiellement se retirer dès mercredi, à l'occasion de la réunion du comité de direction national», qui doit discuter de la succession, estime le président de l'aile jeunesse de l'ADQ, Martin-Karl Bourbonnais. Le comité de direction de la commission jeunesse a adopté une motion en ce sens dimanche après-midi.

«Ça ne sert à rien que M. Taillon reste là alors qu'il a déjà annoncé son départ. Il a perdu la confiance des militants, et il y a eu une rupture avec les députés. Ce qu'on a pu constater, c'est que pour préserver ce qu'il nous reste comme membres, il faut que Gilles Taillon parte le plus rapidement possible», a expliqué M. Bourbonnais.

Le député de Chauveau, Gérard Deltell, poursuit sa réflexion et devrait annoncer publiquement ses intentions à la suite de la réunion de mercredi. Il pourrait être nommé chef de façon intérimaire. Les militants seraient appelés à entériner sa nomination plus tard.

«Je considère que M. Deltell a énormément de potentiel et pourrait faire un excellent chef. C'est un excellent communicateur, il a de bonnes idées et pourrait remonter le parti. Cependant, vu ma positon, je ne veux pas non plus immédiatement donner un appui», a affirmé Martin-Karl Bourbonnais.

Or, d'autres membres du comité de direction de la commission jeunesse militent ouvertement pour que Gérard Deltell prenne la tête de l'ADQ. Ils font partie d'un groupe sur Facebook visant à appuyer la candidature de l'ex-reporter.

À l'ADQ, on rejette l'option d'une nouvelle course à la direction, comme le souhaite Gilles Taillon, pour favoriser la nomination du prochain chef.

Martin-Karl Bourbonnais avait appuyé Éric Caire lors de la course à la direction. Il espère toujours que le député de La Peltrie, devenu indépendant, rentre au bercail.

Comme François Bonnardel, le président de l'aile jeunesse ne croit «absolument pas» à la thèse du complot avancée par Gilles Taillon. Le chef démissionnaire a lui-même causé sa perte en ne faisant pas les gestes d'unité nécessaires à la suite son élection très serrée à la tête du parti, a-t-il plaidé.