Les nouvelles révélations dans l'affaire Whissell démontrent une fois de plus la nécessité d'une enquête publique sur l'industrie de la construction, estiment le Parti québécois et l'ADQ. Ils demandent de nouveau à David Whissell de vendre ses parts dans une compagnie d'asphaltage ou de quitter son siège de député d'Argenteuil.

La Presse a révélé hier que la société ABC Rive-Nord, dans laquelle M. Whissell a des intérêts, a versé plus de 1,5 million de dollars à un sympathisant des Hells Angels, Claude «Beaver» Lapointe, et à sa femme pour acheter leur entreprise d'asphaltage à Labelle, en mai 2008.

 

«Cette affaire s'ajoute au dossier sur le besoin d'une enquête publique parce que ça met en lumière les liens étroits et la proximité allégués entre le milieu de la construction, le crime organisé et le milieu politique, a affirmé la députée péquiste Agnès Maltais. La commission d'enquête, il est temps que ça se passe parce qu'il y a un climat délétère qui plane au Québec actuellement, et il est temps de nettoyer tout ça.»

«Chaque fois qu'on met notre loupe sur le monde de la construction, a dit la députée adéquiste Sylvie Roy, on trouve des révélations assez étonnantes comme quoi il y a des relations incestueuses entre les Hells Angels, la mafia et le monde de la construction. Ça milite encore en faveur d'une commission d'enquête publique. Par la bande, on s'approche maintenant d'un élu. Ça commence à faire.»

David Whissell assure ne pas connaître Claude «Beaver» Lapointe et ne pas avoir pris part à la décision d'acheter sa firme. Il a confié la gestion des ses intérêts dans ABC Rive-Nord (une participation de 20%) à une fiducie sans droit de regard, a-t-il ajouté.

Le PQ et l'ADQ ne mettent pas en doute la parole du député. Mais ce dernier sera toujours «coupable par association» en restant actionnaire d'ABC Rive-Nord, estime Agnès Maltais. Il doit vendre ses parts ou quitter son siège de député, un avis que partage Sylvie Roy. Cette dernière s'attend à ce que M. Whissell quitte l'Assemblée nationale. «Ça doit devenir de plus en plus pénible pour lui», a-t-elle dit.

Le premier ministre Jean Charest s'est porté à la défense de son député. David Whissell «n'a participé d'aucune façon à cette transaction, et il n'a pas été informé de cette décision. Il ne connaît pas la personne (Claude Lapointe) et ne l'a jamais rencontrée», a-t-il affirmé aux journalistes à la suite d'un discours devant l'Association de l'industrie électrique du Québec, à Montréal. Il a ajouté que M. Whissell avait suivi les recommandations du jurisconsulte de l'Assemblée nationale en créant une fiducie sans droit de regard.

En septembre dernier, M. Whissell s'est retrouvé au coeur d'une controverse quand il a été révélé qu'ABC Rive-Nord avait obtenu du ministère des Transports, sans appel d'offres, deux contrats totalisant 800 000$. Il a démissionné de son poste de ministre du Travail à la suite d'une volte-face de Jean Charest. Le premier ministre a décidé d'interdire à tout membre de son cabinet de détenir des intérêts dans une entreprise qui obtient des contrats du gouvernement. C'est la règle qui prévalait avant que le premier ministre n'y apporte des modifications afin de permettre à David Whissell d'entrer au conseil des ministres, en 2007.