Les allégations de malversations dans le camp libéral ont fusé de toutes parts, mardi à l'Assemblée nationale, où les partis d'opposition ont une fois de plus réclamé que le gouvernement fasse le ménage dans l'octroi des contrats publics et le milieu de la construction.

Lors de la période des questions, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a soulevé des doutes quant au statut de bénévole d'un avocat membre du Parti libéral, Jean Masson, qui a effectué auprès de lui, en juin dernier, des représentations concernant la réforme de la carte électorale.

M. Khadir s'est indigné de cette pratique, soutenant que M. Masson fait du bénévolat pour le Parti libéral en retour de généreux contrats pour son cabinet, où plusieurs de ses collègues contribuent à la caisse libérale.

«Jean Masson, du bureau d'avocats Fasken Martineau, donne des services gratuits au Parti libéral pendant que sa firme obtient des millions en contrats du gouvernement, a-t-il dit. Pire: il le fait, au Parlement, sur un sujet aussi sensible que la carte électorale. A elle seule, cette situation mérite qu'on déclenche une enquête publique.»

Le ministre de la Réforme des institutions démocratiques, Claude Béchard, a répondu qu'il était courant que des bénévoles représentent des partis politiques sur des dossiers et le ministre a ajouté que M. Masson avait une expertise pertinente.

«M. Masson est impliqué, dans le Parti libéral du Québec, depuis les années 70, a-t-il dit. C'est une personne qui est reconnue comme connaissant et très sensible aux problématiques de la carte électorale.»

De son côté, la leader parlementaire de l'Action démocratique du Québec, Sylvie Roy, a illustré les faiblesses du processus d'octroi de contrats publics en donnant l'exemple d'un contrat de 31 millions $ accordé par le ministère des Transports, en 2006, à une entreprise du secteur de la construction qui a reconnu, en Cour supérieure, avoir trafiqué ses prix.

«Est-ce que la ministre des Transports trouve normal qu'une compagnie qui a plaidé coupable à une telle accusation se voie récompensée d'un contrat de 31 millions?», a-t-elle demandé.

La ministre des Transports, Julie Boulet, a défendu la rigueur des pratiques gouvernementales, s'appuyant sur les récentes initiatives des libéraux pour resserrer les règles d'appels d'offres.

«C'est justement pour ce genre de problème-là que toutes les règles ont été resserrées, que ce soit au Conseil du trésor, aux Affaires municipales, au ministère des Transports du Québec, au ministère du Travail également», a-t-elle dit.

Au début de la période des questions, la chef péquiste Pauline Marois a lancé le bal en montrant du doigt deux députés libéraux dans l'eau chaude à cause de leurs relations avec le milieu de la construction.

«Combien de députés et de ministres libéraux devra-t-il y avoir sous enquête pour que le premier ministre prenne enfin les moyens pour faire la lumière sur toutes ces questions par une enquête publique indépendante?», a-t-elle demandé.

Mme Marois a rappelé que la semaine dernière, le député Jean D'Amour a dû se retirer du caucus libéral pendant que la Sûreté du Québec et le Directeur général des élections se penchent sur une contribution politique potentiellement illégale reçue d'un entrepreneur en construction.

La chef de l'opposition officielle a aussi évoqué le cas du député David Whissell, qui a dû se défendre, une nouvelle fois cette semaine, relativement aux actifs qu'il détient dans une entreprise d'asphaltage.

Le leader du gouvernement, Jacques Dupuis, a pris la défense des deux députés, avant de répéter que les libéraux préfèrent attendre la fin des enquêtes policières pour décider si une enquête publique est nécessaire.