Blessée «en tant que femme», la vice-première ministre Nathalie Normandeau exige des excuses du député péquiste Jean-Martin Aussant.

Mais le député de Nicolet-Yamaska a fait savoir qu'il ne comptait pas s'amender, qualifiant de farfelue la requête de la ministre des Ressources naturelles.

Au cours d'une période de questions particulièrement houleuse, alors que des invectives étaient lancées des deux côtés de la Chambre, le député a sommé à deux reprises Mme Normandeau de «fermer sa gueule».

En point de presse, la ministre a affiché un air indigné, se disant «sonnée» par les propos peu édifiants du porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement économique.

Elle a expliqué qu'elle ne pouvait, en tant que femme, tolérer d'être enguirlandée de la sorte par un parlementaire, fut-il du camp ennemi.

«Comme femme, je me suis sentie heurtée dans les propos qu'il a tenus. Cela fait 11 ans que je suis à l'Assemblée nationale et c'est la première fois qu'un parlementaire me formule de tels propos», a-t-elle relaté.

De l'avis de la ministre, les mots utilisés par M. Aussant étaient d'autant plus déplacés qu'ils ont été prononcés au lendemain du 30e anniversaire du Secrétariat de la condition féminine.

«Je lui demande formellement de s'excuser. Je lui demande de le faire pour l'institution, je lui demande de le faire pour les femmes qui sont à l'Assemblée nationale», a soulevé Mme Normandeau.

Cette affaire rappelle un incident similaire survenu il y a quelques années et impliquant le chef du gouvernement.

Le premier ministre Jean Charest avait dû présenter des excuses pour avoir qualifié «d'ostie de chienne» l'ancienne députée péquiste de Laurier-Dorion, Elsie Lefebvre.

Quant à lui, M. Aussant n'a aucune intention de faire acte de contrition, bien au contraire. Il affirme que Mme Normandeau, loin d'être une agnelle sans défense, lui a accolé un qualificatif fort peu flatteur pendant le débat de la matinée.

«La vice-première-ministre réclame des excuses, prétend-t-elle, au nom de l'institution et des femmes de l'Assemblée nationale. Elle qui m'a affublé d'être «épais» lors de cet échange ce matin, va-t-elle s'excuser au nom des hommes du Québec?», ironise M. Aussant dans un communiqué de presse émis en après-midi.

Le député souverainiste croit que la sortie de la ministre n'est rien d'autre qu'une manoeuvre de diversion du gouvernement pour échapper aux questions de l'opposition sur les allégations de corruption dans le milieu de la construction.

«Les invectives sont nombreuses parfois, malheureusement. Elles le sont beaucoup ces jours-ci parce que le gouvernement libéral refuse de mettre en place une commission d'enquête publique», fait-il valoir.