La tempête qui secoue l'Action démocratique (ADQ) depuis des mois pourrait enfin s'apaiser avec la nomination, jeudi, d'un nouveau chef, Gérard Deltell.

C'est du moins ce que souhaite le député de Chauveau, qui a aussitôt lancé un appel à l'unité du parti, déchiré par des luttes fratricides depuis le départ, au printemps, de Mario Dumont, brièvement remplacé par Gilles Taillon en octobre dernier.

Le choix de M. Deltell pour succéder à M. Taillon, forcé de quitter le parti mercredi tellement la grogne avait pris de l'ampleur, a été fait par l'exécutif du parti et entériné par le caucus, formé des trois autres députés adéquistes.

Il est cependant impossible de savoir si le choix de M. Deltell sera par la suite approuvé par les membres de l'ADQ, à la faveur d'une nouvelle course au leadership.

En conférence de presse, jeudi, le nouveau chef a indiqué que, pour la suite des choses, l'exécutif verra, s'il le désire, à donner un mandat à un groupe chargé de planifier «une éventuelle course au leadership».

Les modalités de cette course devraient être endossées en conseil général. Sauf qu'une course au leadership coûte beaucoup d'argent et les coffres de l'ADQ sont à sec.

«Le parti n'a pas du tout les moyens d'organiser une course au leadership», a reconnu M. Deltell, qualifiant la situation de «périlleuse».

Et, qui plus est, le parti sort tout juste d'une course qui s'est soldée dans la division la plus totale, avec la perte de deux députés, Eric Caire et Marc Picard, le départ précipité du président du parti, Mario Charpentier, et la démission forcée de Gilles Taillon, critiqué de toutes parts, un mois à peine après son élection par une seule voix.

Au surplus, avant de claquer la porte, M. Taillon avait causé un émoi en laissant planer des soupçons sur de possibles irrégularités observées dans le financement du parti. Il avait évoqué la possibilité de contacter la Sûreté du Québec, mais avait refusé d'élaborer devant les journalistes.

Jeudi, M. Deltell n'a pas voulu élaborer davantage sur cette délicate question, prétextant l'ignorance.

«On ne sait pas du tout de quoi il est question», s'est-il contenté de dire, en ajoutant qu'il n'endosserait aucune irrégularité.

Il ne s'est cependant pas engagé à fouiller davantage dans les documents du parti pour savoir si les allégations proférées par M. Taillon étaient ou non fondées.

De plus, M. Deltell n'a posé aucune question à son prédécesseur, à ce sujet. «Je n'ai pas demandé de précision», a-t-il admis.

Durant son premier point de presse à titre de chef, M. Deltell a exhorté les membres de l'ADQ à «se ressaisir» après cette période de turbulence intense qui a fait dire à bien des observateurs que le parti était à l'agonie.

«Ne jouons pas à l'autruche. Le parti vit actuellement une situation difficile», a-t-il commenté.

Il a tendu la main à Eric Caire et Marc Picard, pour qu'ils reviennent au bercail, en se disant conscient que le parti avait le «fardeau de la preuve» en leur démontrant que c'était là une avenue alléchante.

«La porte est ouverte et on souhaite le retour de tout le monde», a-t-il dit, souhaitant stopper l'hémorragie.

Ancien reporter au défunt réseau TQS, M. Deltell, âgé de 45 ans, a été élu député de Chauveau, une circonscription située en banlieue nord de Québec, il y a moins d'un an.

Au printemps, lors de la course à la succession de Mario Dumont, M. Deltell avait jonglé avec l'idée de se lancer dans la course, puis avait renoncé, sans appuyer aucun des trois candidats.