Fraîchement posté à la barre de l'ADQ, Gérard Deltell navigue en plein brouillard au sujet des «aspects un peu troublants» que Gilles Taillon dit avoir découverts dans le financement du parti depuis 2003. La menace d'une enquête policière plane au-dessus de sa formation, fauchée et désorganisée.

Le nouveau chef n'a pas demandé d'explications à son prédécesseur sur cette bombe à retardement potentielle. Il ignore si la Sûreté du Québec a été saisie de cette affaire, comme le prétend M. Taillon.

 

À sa connaissance, le parti n'a toutefois rien à se reprocher. «J'ai parlé à bien du monde, et il n'y a aucun indice» au sujet d'un financement douteux, a affirmé M. Deltell en conférence de presse, hier. Mais il entend se conduire «de la façon la plus rigoureuse possible».

«Si par malheur des irrégularités ont été commises, nous ne les défendrons pas», a dit le député de Chauveau, élu il y a un an.

«Stopper l'hémorragie»

Gérard Deltell se retrouve à la tête de l'ADQ à la suite d'une décision de ses trois collègues députés entérinée hier par le comité de direction. La veille, le comité avait accepté la démission immédiate de Gilles Taillon et opté pour la nomination de l'ex-reporter de TQS, devenue V.

M. Deltell entend «redresser» son parti et «stopper l'hémorragie» après le règne tumultueux de M. Taillon, élu de justesse il y a un mois. La tâche s'annonce colossale, d'autant plus que son prédécesseur est parti en laissant planer la possibilité d'une enquête policière sur le financement de l'ADQ.

La semaine dernière, dans un entretien accordé à La Presse, Gilles Taillon était demeuré muet au sujet de ces allégations. Il avait confirmé avoir appelé la SQ et qu'une rencontre avec un enquêteur était prévue dans les prochains jours. Il avait affirmé que des gens lui avaient téléphoné pour lui faire des «confidences» au sujet du financement à la suite de son passage à Tout le monde en parle, le 25 octobre.

Le nouveau chef a indiqué que sa nomination, rapide, respecte la constitution de l'ADQ. Les militants ne seront pas appelés à l'entériner, selon ses propos ambigus sur le sujet. «Pour la suite des choses», le comité exécutif décidera «s'il donne le mandat à un groupe pour planifier une éventuelle course au leadership», organiser un conseil général en vue d'en adopter les règles, puis tenir un congrès à la direction, a dit M. Deltell.

Le parti n'a pas les moyens de se lancer dans une telle aventure, a-t-il ajouté, insistant sur l'urgence d'agir pour redresser le parti.

Gérard Deltell entend rétablir «l'unité» au sein d'un parti dans une «situation difficile». Il souhaite «le retour à la maison» des députés Éric Caire et Marc Picard, qui ont claqué la porte.

«C'est à nous de leur démontrer que l'ADQ se redresse et défend les valeurs fondamentales qui nous ont toujours unis. Le fardeau de la preuve est de notre côté.»