La souveraineté du Québec est une option politique si largement acceptée dans les rangs de leur parti qu'Amir Khadir et Françoise David ont juré de la lier dorénavant à toute question d'actualité.

Lors d'un discours prononcé dimanche à l'école Mont-de-La Salle, à Laval, dans le cadre d'un congrès d'orientation, les deux porte-parole de Québec solidaire se sont réjouis de voir les membres de leur formation politique démontrer un «attachement profond» à l'idée de l'indépendance de la province.

Mme David a en outre tenu à souligner l'importance de parvenir à convaincre et rallier les membres toujours réfractaires à «l'option du pays».

Lors d'un point de presse, la présidente de Québec solidaire a toutefois assuré que ces militants toujours pas convaincus de la pertinence de la souveraineté du Québec avaient été peu nombreux lors de la mise aux votes des propositions en ce sens.

«Je dirais qu'au grand total, sur une possibilité d'autour de 250 ou 275 votes, une vingtaine de personnes ont voté pour des options qui ne sont peut-être pas résolument indépendantistes ou souverainistes», a-t-elle affirmé.

Selon Mme David, les propositions liées à la souveraineté et à l'indépendance du Québec ont été adoptées dans une proportion de 90 à 95%.

Quatre ans après sa fondation, et cinq congrès plus tard, Québec solidaire est donc parvenu à adopter la première partie de son tout premier programme politique. La veille, Françoise David avait expliqué que son parti n'avait pu établir précisément ses positions jusqu'à présent en raison des nombreuses élections tenues au cours des dernières années.

Mais dimanche, Amir Khadir et Françoise David ont averti leurs militants qu'il y avait encore bien du travail à abattre et des questions à discuter.

Ainsi, questionnés en point de presse au sujet de l'idée d'imposer la fréquentation du cégep en français - proposition abordée samedi par les péquistes dans le cadre du congrès national de leur parti, mais sans avoir produit une position claire -, les deux porte-parole de Québec solidaire ont refusé de trancher la question.

Mme David a tout d'abord expliqué que les questions liées à la langue demeuraient à être discutées par les membres de sa formation politique.

Elle a cependant ajouté qu'il s'agissait d'une question bien plus complexe qu'il n'y paraît.

La porte-parole a argué que la fréquentation obligatoire du cégep en français pourrait, possiblement, mener à l'apparition de collèges privés anglophones non subventionnés auxquels les étudiants devraient débourser des milliers de dollars par année en droits de scolarité.

«Est-ce qu'on va finir par créer des cégeps de plusieurs classes, selon l'argent dont on dispose?, s'est-elle interrogée. Voilà une des questions qu'il faut se poser.»

«Pour Québec solidaire, le débat est à faire, et pas de façon précipitée», a-t-elle poursuivi.

De son côté, Amir Khadir a rappelé que selon Québec solidaire, la protection de la langue française passe d'abord par une intervention dans le secteur de l'emploi et dans ceux liés à la sphère économique.

Selon lui, le message actuellement envoyé à la population est que si l'on veut gravir les échelons, «au-dessus d'un certain étage, dans les grandes entreprises, c'est en anglais que cela se passe».

«C'est cela qu'il faut d'abord corriger, a fait valoir M. Khadir. Parce que si on agit juste sur les symptômes, on ne finira jamais. Il faut agir sur les causes.»

Et les causes du déclin de la langue française que déplore Québec solidaire résident dans le fait que plus en plus de grandes entreprises québécoises renoncent, selon le parti, à la francisation et favorisent plutôt l'utilisation de l'anglais en milieu de travail.

Dans son discours, Mme David s'est targuée que son parti ait démontré qu'il est «capable de marcher sur plusieurs pattes à la fois».

Ainsi, outre la souveraineté du Québec, les membres du parti de gauche ont approuvé une laïcisation totale de toutes les institutions publiques de la province, mais assortie de balises devant ultérieurement faire l'objet de discussions au sein même du parti.