Les gestionnaires du ministère québécois des Transports ont eu le mandat de vérifier la conformité de tous les contrats alloués au cours des trois dernières années, un travail immense qui mobilisera le Ministère pendant plusieurs semaines.

La commande du sous-ministre des Transports, Michel Boivin, ne concerne qu'une période bien précise, celle de son prédécesseur Denys Jean, nommé en juin à titre de secrétaire du Conseil du Trésor, après trois années passées aux Transports.Comme principal fonctionnaire au Trésor, M. Jean est désormais responsable du respect des règles pour l'ensemble de l'appareil gouvernemental.

La direction régionale des Laurentides a aussi reçu le mandat de déterrer tous les engagements du Ministère avec la firme ABC Rive-Nord, où l'ex-ministre David Whissell détient 20% des actions, par l'entremise d'une fiducie sans droit de regard. Les contrats de Transports Québec à ABC Rive-Nord avaient doublé depuis l'entrée de M. Whissell au Conseil des ministres. L'entreprise avait profité de contrats de gré à gré - sans appel d'offres, une pratique sévèrement critiquée par le vérificateur général Renaud Lachance dans son rapport la semaine dernière.

Les contrats «d'entretien» et de «surveillance» des postes de dépenses importants risquent toutefois de passer sous le radar, confient des sources proches du Ministère.

En raison de cette commande, toutes les autres activités du Ministère ont été mises de côté. Le dépôt du projet de loi sur le Code de la sécurité routière, qui devait être fait en début de semaine, aura peut-être lieu la semaine prochaine. Idem pour le rapport de la Table de concertation sur la sécurité routière.

La ministre sur la sellette

De nouveau sur la sellette hier, à l'Assemblée nationale, la ministre des Transports Julie Boulet a détaillé les gestes faits par son ministère à la demande du vérificateur général. Transports Québec engagera un vérificateur dans chacune de ses directions régionales. Ainsi, 14 vérificateurs de plus auront le mandat de surveiller le respect des normes dans l'adjudication des contrats. Ces vérificateurs devront déposer des rapports mensuels au comité de vérification du Ministère.

Ce comité sera renforcé par l'ajout de deux mandarins de grosse pointure: Denis Bédard et André Dicaire, qui ont tous deux dans le passé été secrétaires au Conseil du Trésor - M. Dicaire a même été premier fonctionnaire à titre de secrétaire général du gouvernement. Ce comité comptera désormais autant de membres indépendants de l'externe que d'employés du Ministère.

En outre, promet Mme Boulet, tous les contrats de Transports Québec seront diffusés sur l'internet, «accessibles au grand public à la fin de novembre». Finalement, les contrats de «surveillance» pour les ingénieurs seront désormais soumis au processus d'appel d'offres, tout comme les mandats pour les plans et devis. «S'il y a des choses qui se font qui ne sont pas correctes, on va les corriger. Nous, on va avoir agi», a dit Mme Boulet, selon qui le gouvernement péquiste ne s'était jamais soumis à autant de rigueur.

«C'est un cataplasme expéditif. Qui cherche-t-on à protéger? Que veut cacher le gouvernement? Pourquoi s'entêter à refuser la demande de la population qui demande une enquête publique indépendante?» a lancé le critique péquiste en matière de transports, Stéphane Bergeron, député de Verchères. Selon lui, il s'agit «d'un aveu flagrant d'échec de la part de la ministre qui n'a pas réussi, en 2005, à resserrer les règles pour éviter la pratique de collusion».