Les donateurs à la caisse électorale du Parti libéral du Québec ne sont pas les seuls à être chanceux quand le gouvernement décerne les permis pour ouvrir des centres de la petite enfance. Les organisateurs du PLQ sont aussi nombreux à pouvoir lancer des garderies.

Dernière période de questions de l'année à l'Assemblée nationale, dernière séance où on s'est lancé de la boue de part et d'autre du salon Bleu.

 

Déjà le refus du gouvernement de lancer une commission d'enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction faisait monter la pression depuis deux semaines. Jeudi, le premier ministre Charest avait singulièrement haussé le ton en qualifiant de «vulgaire» la chef de l'opposition Pauline Marois.

«Il a été insultant. S'il y a quelqu'un qui essaie de ne pas être vulgaire, c'est moi», a répliqué hier Mme Marois en point de presse, soutenant néanmoins que M. Charest avait perdu toute crédibilité et que le politicien téflon de la dernière année était désormais «atteint». Elle a toutefois fait attention de ne pas laisser entendre que M. Charest refusait une commission d'enquête parce qu'il recevait 75 000$ par année en salaire de son parti, des fonds provenant des donateurs libéraux.

M. Charest était aussi moins incisif hier. Mme Marois a soutenu que la corruption dans l'industrie de la construction privait les contribuables québécois de 4 milliards par année à cause des prix gonflés des entrepreneurs.

«On est témoin de la façon dont la chef de l'opposition a toujours travaillé», a répliqué M. Charest; le chiffre de 4 milliards est sorti d'un chapeau, selon lui. En conférence de presse, pour éviter le dérapage de la veille, il a lu des lignes écrites à l'avance quand il a parlé de Mme Marois.

Mais à l'Assemblée nationale, leurs fantassins étaient bien en place pour un ultime match hier matin.

Le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, a relevé que des organisateurs libéraux avaient pu avoir des permis pour ouvrir des garderies privées dans la couronne nord; Frank Scaringi, qui a pu obtenir 65 places à Mirabel, avait été organisateur du ministre de la Famille, Tony Tomassi, dans Lafontaine, aux élections de 2007 et de 2008. Frank Puma, dont la conjointe a obtenu le feu vert pour 52 places dans un projet à Terrebonne, est organisateur pour la députée libérale Filomena Rotiroti dans Jeanne-Mance-Viger.

En réplique, le ministre Tomassi a relevé que des élus péquistes actuels et passés avaient appuyé par des lettres les projets décriés aujourd'hui par le député Girard. Le Centre éducatif grandir ensemble avait été cautionné par la table de concertation, la mairesse d'arrondissement, mais aussi par l'ex-députée péquiste de Dorion, Elsie Lefebvre, a soutenu M. Tomassi. L'actuel député péquiste de Vachon, Camil Bouchard, a aussi pris la plume pour appuyer un autre projet, dénoncé par son collègue de Gouin. Pour le ministre Tomassi, «les faussetés» sont devenues une «maladie chronique» de l'opposition, des propos jugés non parlementaires par le président de l'Assemblée, Yvon Vallières.

Le président Vallières a maintes fois exercé sa patience. De part et d'autre, les députés se lançaient les derniers quolibets avant la fin de 2009. Le ministre Claude Béchard a même fait un crochet pour piquer Pauline Marois; à une question plantée par un collègue libéral, il a déclaré qu'il y a «des gens pour qui c'est leur mari d'abord» une allusion à Claude Blanchet.

Des deux côtés de la Chambre, on applaudissait longuement les effets de toge des protagonistes. «Collègues, j'aimerais qu'on se discipline, j'aimerais qu'on termine cette période des questions avant Noël», a laissé tomber M. Vallières.