Louise Beaudoin pense qu'il y aura, lors du prochain référendum, un «mouvement de fond» en faveur de la souveraineté du Québec dans l'opinion publique française.

La députée péquiste a fait cette analyse à Paris, où elle assistait lundi - aux côtés du ministre Pierre Arcand - aux funérailles d'Etat de son ami Philippe Séguin, ancien ministre et président de l'Assemblée nationale française décédé jeudi d'un infarctus à l'âge de 66 ans.

Philippe Séguin, que Louise Beaudoin connaissait depuis 1992, était - avec son autre ami Michel Rocard - le plus souverainiste des hommes politiques français. Cet allié indéfectible (qui avait pris place au centre du «grand jeu» imaginé par Jacques Parizeau pendant le référendum de 1995) sera très difficile à remplacer pour le PQ. Mme Beaudoin en convient, mais elle croit qu'il aura des successeurs «à gauche comme à droite», même s'ils ne seront «pas aussi tonitruants et présents».

Mais face à un président, Nicolas Sarkozy, ouvertement fédéraliste et nettement hostile aux souverainistes, Louise Beaudoin compte surtout sur la pression de l'opinion publique pour faire pencher la balance en faveur de la souveraineté.

«Dans l'opinion publique française, quelque soit le président de la République, quand il y a aura un troisième référendum, il y aura un mouvement de fond», a-t-elle prédit.

«Je suis totalement persuadée que quand ce jour viendra, il y aura (...) des appuis particulièrement importants dans l'opinion française qui était moins pro-québécoise en 1995, mais qui actuellement est assez naturellement et spontanément favorable au Québec et à ses combats, quels qu'ils soient», a-t-elle poursuivi.

En attendant, le gouvernement québécois et l'opposition ont affiché lundi aux Invalides une «belle unanimité».

«C'est important que le Québec soit là. C'est important que la France sente qu'on est là», a souligné avant la cérémonie le ministre des Relations internationales, Pierre Arcand, en rappelant que Philippe Séguin était un «ami du Québec» et «un des rares politiciens dans le monde qui se soit intéressé beaucoup au Québec».

Ses sympathies souverainistes n'étaient pas un problème aux yeux du gouvernement, l'amitié entre la France et le Québec transcendant, selon M. Arcand, les partis politiques et les «perspectives partisanes».

«M. Séguin était libre de faire ce qu'il entendait faire, tout comme M. Sarkozy est libre de faire ce qu'il veut faire. Quand on a des amis, on essaie de ne pas leur dicter leur conduite», a dit le ministre.