Le ministère de la Justice et le Directeur des poursuites criminelles et pénales ont «erré» dans le procès Norbourg qui a avorté mardi, accuse la chef péquiste, Pauline Marois. La ministre Kathleen Weil doit maintenant «donner des directives» au directeur, Me Louis Dionne, pour éviter qu'un tel «fiasco» ne se reproduise.

«Elle devrait se saisir elle-même du dossier. Ça n'a aucun sens qu'on laisse le processus reprendre sans qu'il y ait des directives claires», a affirmé Mme Marois en conférence de presse, hier, à la fin d'une réunion de deux jours de ses députés à Orford.

Selon elle, une telle intervention de la ministre ne remettrait pas en question l'indépendance de la justice. «Il y a, oui, indépendance de la justice, mais il y a aussi imputabilité. Et dans la loi qui encadre la responsabilité du Directeur, la Procureure générale du Québec et ministre de la Justice a la possibilité de donner des directives dans des situations exceptionnelles, de se saisir de dossiers lorsqu'elle juge qu'ils sont à ce point difficiles et complexes.»

Mardi, le juge Richard Wagner a annulé le procès des cinq présumés complices de Vincent Lacroix, qui faisaient face à 700 chefs d'accusation, parce que les jurés ne sont pas parvenus à s'entendre sur un verdict. «Je pense que le Ministère a erré dans ce dossier. Le Directeur des poursuites a voulu trop embrasser et a fait une erreur», a dit Pauline Marois.

La chef péquiste est demeurée évasive au sujet des directives que devrait donner la ministre au directeur Louis Dionne. «Est-ce qu'il faudra faire le procès en séparant un certain nombre de problèmes plutôt que de faire 700 poursuites à la fois?» s'est-elle demandé.

Pauline Marois déplore le comportement de la ministre Weil jusqu'à maintenant. Le procès Norbourg «est un véritable cafouillage, un fiasco dont la ministre semble vouloir se laver les mains, affirmant même que ça va bien, qu'il n'y a pas vraiment de problème avec la justice. Je pense que si elle disait ça aux 9000 investisseurs qui ont été floués, qui ont perdu leur argent, leur fonds de retraite, peut-être qu'elle aurait un autre point de vue».

Kathleen Weil s'est voulue rassurante mardi à la suite de l'avortement du procès. «La justice fonctionne bien, au Québec», a-t-elle affirmé, s'attirant bien des critiques. «Il n'y a pas de crise actuellement. Qu'un juge libère un jury (avant la fin des délibérations), ça peut arriver.»

La ministre reconnaît toutefois que le dossier Norbourg est «complexe». Elle laisse le Directeur des poursuites criminelles et pénales «décider de la suite des choses», invoquant l'indépendance de la justice.