Le Québec pourrait accueillir beaucoup plus de ressortissants étrangers à la suite de la décision d'octroyer un certificat de sélection aux étudiants étrangers qui obtiennent un diplôme au Québec, a souligné ce matin le premier ministre Charest.

«Cela va influencer, cela ne fait pas partie des quotas d'immigration. On reçoit environ 25 000 étudiants par année», d'expliquer M. Charest avant de quitter Bombay, la première étape d'une tournée d'une semaine en Inde. Le Québec vise à accueillir 55 000 personnes chaque année par l'immigration, mais l'apport des étudiants étrangers fera vite gonfler ces chiffres. «On veut travailler avec les universités pour augmenter cette offre. Les universités du Québec sont ici avec moi pour ça», d'expliquer M. Charest. L'obtention d'un certificat de sélection du Québec accélère grandement les procédures pour obtenir la citoyenneté canadienne.

Les quotas de nouveaux arrivants «seront ajustés». Les étudiants doivent faire preuve d'une connaissance intermédiaire du français pour être accepté au Québec. «Dans le cas des étudiants indiens, on verra quel impact cela aura. Ce ne sont pas tous les marchés qui leur sont ouverts. Pour eux, le Canada, c'est quand même loin, c'est un pays nordique», rappelle-t-il. Le Québec doit faire «un effort supplémentaire pour cette clientèle, ce que n'ont pas à faire les États-Unis ou la Grande-Bretagne».

Actuellement, 400 étudiants indiens se trouvent au Québec. L'annonce faite lundi par M. Charest à l'Université de Bombay lui a valu un reportage dans The Times of India, un important quotidien pour tout le sud de l'Inde. «Le Canada attire les Indiens en offrant la citoyenneté», titrait le journal. La doyenne du département de français, Dr Vidya Vencastesan, y rappelle que «les étudiants indiens doivent regarder le Québec comme une destination, cette société encourage et respecte les différences».

Coprésident de la Indian Merchant's Chamber, la plus ancienne chambre de commerce de l'Inde, Clarence Fernandez prédit que l'ouverture annoncée par Québec suscitera de très nombreuses candidatures d'étudiants indiens.

«D'abord, les Indiens aiment étudier à l'étranger. Beaucoup optaient pour l'Australie mais, récemment, il y a eu des incidents racistes qui visaient les jeunes étudiants indiens là-bas. Étudier au Royaume-Uni est devenu inaccessible pour plusieurs à cause des coûts», observe-t-il. Aussi, bien que le Québec soit une société francophone, les ressortissants indiens savent qu'ils peuvent fonctionner avec une bonne connaissance de l'anglais. Pour le président de la chambre de commerce, Gul Kripalani, qui a vécu à Montréal, six mois de formation suffisent pour avoir une connaissance minimale du français.

Devant les membres de la chambre, invités par le Québec, M. Charest a souligné l'intérêt d'augmenter les échanges avec l'Inde, un pays qui, à la différence de la Chine, est moins vulnérable à la santé économique mondiale. L'Inde peut miser sur une forte croissance pour plusieurs années parce qu'elle s'appuie sur un marché interne important. «Chaque année, 30 millions d'Indiens accèdent à la classe moyenne, c'est l'équivalent de la population du Canada», a-t-il rappelé.

«Pour l'avenir du Québec et du Canada, il sera extrêmement important d'aller vers d'autres marchés. On trouve une occasion extraordinaire de travailler avec l'Inde, avec une économie diversifiée» d'insister M. Charest devant les membres de la Indian Merchant's Chamber, une des plus anciennes chambre de commerce de l'Inde. Une cinquantaine d'hommes d'affaires indiens s'étaient présentés dans l'immense salle, occupée aux deux tiers par la délégation québécoise qui accompagne M. Charest toute la semaine.

Pour M. Charest l'accroissement du commerce avec l'Inde suppose des investissements québécois en Inde. «On ne veut pas délocaliser des emplois, faire des affaires avec un pays. Ce n'est pas juste créer des jobs chez nous, ça ne marche pas», rappelle-t-il. Les tarifs élevés, jusqu'à 40% pour certains produits comme les automobiles, constituent des obstacles importants aux échanges. Un projet de libre-échange entre le Canada et l'Inde est à l'étude, les deux pays évaluent actuellement la portée d'un éventuel accord, a-t-il rappelé.