Le premier ministre Jean Charest s'engage à faire le ménage dans les finances publiques avant de taxer davantage les contribuables. La présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, déposera au début du mois de mars, avant le budget Bachand, un plan de réduction des dépenses publiques qui entraînerait l'abolition de programmes et de structures.

«C'est normal pour nous de regarder d'abord dans notre cour, a affirmé Jean Charest à l'entrée d'une réunion du caucus de son parti, hier. Il faut se demander quels efforts supplémentaires nous pouvons faire au gouvernement du Québec pour nous assurer qu'on gère avec beaucoup de rigueur.»

 

Pour retrouver l'équilibre budgétaire en 2013-2014 comme promis, Québec s'est engagé à limiter la croissance des dépenses à 3,2% par année. Pour 2010-2011, les ministères seront privés d'environ 1 milliard de dollars par rapport à la croissance des dernières années de 4,6%.

Ils devront se serrer encore davantage la ceinture. Car d'ici 2013-2014, le gouvernement Charest doit obtenir 5 milliards de dollars - dont au moins 450 millions l'an prochain - en revenus ou en réduction de dépenses.

Cette année, le gouvernement a fait des compressions de 900 millions, mais il faudra faire plus, a indiqué Monique Gagnon-Tremblay. «C'est certain qu'on ne peut pas continuer à faire les choses de façon traditionnelle comme auparavant», a-t-elle souligné. La ministre est demeurée évasive sur ses intentions. «Je proposerai au début de mars un plan qui va nous permettre de déterminer ce que le gouvernement fait par rapport aux dépenses», a-t-elle dit. Son cabinet souligne que «tout est sur la table», comme l'abolition des 18 agences régionales de la santé.

Jean Charest s'est contenté de dire qu'«on va regarder l'ensemble des dépenses du gouvernement pour voir là où on peut faire des économies». Selon ses prévisions, le gouvernement aura accumulé des déficits de 13,2 milliards de dollars avant de revenir à l'équilibre budgétaire en 2013-2014.

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, le critique péquiste en matière de finances, Nicolas Marceau, a déploré que le gouvernement n'ait toujours pas «fait le ménage dans sa propre cour». Dans son discours inaugural de 2003, M. Charest s'était déjà engagé à dégraisser l'État, se demandant même «pendant combien de temps l'État québécois (pouvait)-il exiger davantage de sacrifices de ses citoyens que de lui-même», a-t-il souligné.

Jean Charest a répliqué que son gouvernement a mis en place des mesures pour «réviser de manière constante les dépenses de programmes». Mais la seule mesure significative de cette «réingénierie de l'État» lancée en 2003 est le remplacement d'un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. Des économies d'un milliard ont été réalisées, selon M. Charest.

Selon le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, «le gouvernement doit procéder de façon rapide, efficace et constructive à une révision générale des politiques publiques». Selon lui, les intentions du gouvernement sont «bonnes», mais «encore faut-il avoir des gestes concrets».