Le Parti québécois accuse le gouvernement Charest de faire entrer un «loup dans la bergerie» en nommant Jean D'Amour, coupable d'avoir enfreint la loi sur le lobbyisme, à la Commission de l'administration publique.

Toute la colline parlementaire s'attendait à ce que la première période des questions de la session porte en bonne partie sur l'éthique. Mais personne n'avait prévu que le gouvernement prendrait le jour même une décision qui donnerait des munitions à l'opposition.

 

La leader parlementaire adjointe du PQ, Agnès Maltais, trouve «odieux» que le député libéral de Rivière-du-Loup, Jean D'Amour, soit devenu membre, hier, de la Commission parlementaire de l'administration publique, qui «voit tous les appels d'offres, tous les contrats du gouvernement» et analyse la gestion des ministères et des organismes. «Est-ce qu'on va mettre un loup dans la bergerie?» a-t-elle lancé.

Cette nomination démontre selon elle «le peu de respect qu'a M. Charest pour l'éthique».

Les membres de la Commission de l'administration publique doivent être «au-dessus de tout soupçon» et jouir de la confiance de tous les parlementaires. «Normalement, on nomme là des gens qui n'ont pas été attaqués sur leur intégrité», ce qui n'est pas le cas de M. D'Amour. «C'est le seul député qui a manqué à la Loi sur le lobbyisme, et on va le récompenser», a-t-elle ajouté.

Le gouvernement Charest a fait savoir plus tard que M. D'Amour avait déjà été membre de la Commission de l'administration publique avant de quitter le caucus libéral, l'automne dernier, le temps que des vérifications soient faites sur une affaire de financement politique. Comme il a réintégré le caucus en décembre, M. D'Amour retrouve maintenant sa place à la commission, a-t-on indiqué.

La semaine dernière, Jean D'Amour a plaidé coupable à une infraction à la loi sur le lobbyisme et a payé une amende de 500 $ plus les frais de 138 $. À titre de directeur du développement des affaires pour la firme de génie BPR, il a fait du lobbyisme auprès d'élus de Rivière-du-Loup en février 2009, moins de deux ans après avoir quitté son poste de maire, ce qui contrevient à la loi.

La Commission de l'administration publique est présidée par le député péquiste Sylvain Simard. Lui-même avait été éclaboussé par une controverse sur le lobbyisme qui avait secoué le PQ en 2002. À l'époque où il était président du Conseil du Trésor, il avait suggéré à un promoteur de l'Outaouais de s'adresser à la firme de lobbyisme Oxygène9 pour obtenir du financement public. «Ensuite, la Loi sur le lobbyisme a été rapidement mise en place, et tout le monde respecte cette loi depuis, sauf, dans les élus, M. D'Amour», a répliqué Agnès Maltais.

Le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a accusé la députée de «salir des réputations injustement». Le premier ministre Jean Charest ne voit aucune raison de sanctionner son député puisque celui-ci «a reconnu ses torts» et payé l'amende.

Agnès Maltais se demande pourquoi Jean Charest défend M. D'Amour malgré la controverse. «Est-ce parce qu'il a été président du Parti libéral? Est-ce parce que c'est l'homme qui sait actuellement quel est le véritable salaire de Jean Charest», versé par le PLQ en plus de sa rémunération de fonction? s'est-elle interrogée.