Le premier ministre Jean Charest doit rappeler à l'ordre les ministres Michelle Courchesne et Tony Tomassi, selon la chef péquiste Pauline Marois.

Le favoritisme politique associé à la ministre de l'Éducation et au ministre de la Famille a pris des proportions telles, selon elle, que l'heure est venue pour le premier ministre de donner un «solide coup de barre».

«On est vraiment devant un gouvernement à la dérive», a conclu la chef de l'opposition officielle, mardi, en point de presse.

Cette «dérive» serait essentiellement due, a-t-elle précisé, à la morale élastique et aux multiples «gaffes» des ministres Courchesne et Tomassi, désormais «incapables d'assumer leurs responsabilités».

Mme Marois n'est cependant pas allée jusqu'à demander la démission des deux ministres montrés du doigt, comme elle avait fait l'automne dernier avec les ministres Julie Boulet et Norman MacMillan, relativement aux allégations de corruption et collusion dans l'industrie de la construction.

Elle a cependant continué, mardi, en Chambre, à accuser les ministres Courchesne et Tomassi d'être intervenus personnellement pour octroyer des places en garderie à des contributeurs du Parti libéral du Québec (PLQ), au mépris d'une évaluation objective des projets présentés au ministère de la Famille.

De plus, en point de presse, Mme Marois a demandé à la ministre de l'Éducation de retirer son projet de règlement visant à modifier le calendrier scolaire pour tout le territoire québécois, alors qu'elle voulait accommoder une poignée d'écoles juives orthodoxes qui fonctionnaient dans l'illégalité.

Mercredi, le PQ déposera une motion en Chambre en vue de faire pression sur la ministre de l'Éducation et provoquer le retrait du projet de règlement controversé, qui permettra désormais des activités pédagogiques le week-end.

Ces écoles juives, qui offrent plusieurs heures d'enseignement religieux, pourront donc en principe respecter le régime pédagogique, en enseignant les matières de base le week-end.

Le premier ministre Charest a réagi en estimant que Mme Marois faisait de la «très petite politique sur le dos de la communauté juive».

La chef péquiste est aussi revenue à la charge pour demander une enquête du vérificateur général dans le dossier des garderies, ce qui permettrait de faire la lumière sur le processus d'attribution des places et d'évaluation des projets soumis au ministère de la Famille.

Mme Marois a dit chercher à savoir si le gouvernement n'était pas en train d'ériger un système de favoritisme dans l'attribution des places en garderie à 7 $.

«Est-ce que c'est un système organisé? Je pose la question», a-t-elle dit.

Chose certaine, à ses yeux, le ministre Tomassi adopte une «attitude lamentable», en refusant de rendre publiques les évaluations de dossiers de candidatures pour l'obtention de places.

Depuis plusieurs jours, l'opposition péquiste multiplie les allégations selon lesquelles la proximité avec le PLQ et les contributions à la caisse du parti seraient des critères pris en compte au moment de distribuer les places.

Mardi, c'était au tour de celle qui était ministre de la Famille en 2007 et 2008, Michelle Courchesne, qui a octroyé 80 places à la garderie L'Oasis des Bout'Chou, à Laval, dirigée par deux importants donateurs au PLQ, d'être la cible du PQ.

Le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, qui pilote ce dossier, a parlé de «scandale», en dénonçant la politisation des services de garde, sous le gouvernement libéral.

Mme Marois a fait valoir quant à elle qu'à l'époque du gouvernement péquiste l'évaluation des dossiers de candidatures était plutôt effectuée en région, par les Centres régionaux de développement (CRD), sans intervention politique.